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Les Premières / La Soirée parisienne. Ali-Baba

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Les premières.
Eden-Théâtre. –Ali-Baba, opéra-comique en trois actes et neuf tableaux, de MM. Albert Vanloo et William Busnach. Musique de M. Charles Lecocq.

Les français d’aujourd’hui ne savent peut-être pas assez ce qu’ils doivent à William Busnach, un des aimables auteurs de l’Ali-Baba de l’Eden. Si tout le monde, en effet, connaît le charmant conte des Mille et une Nuits, et sait par cœur les aventures du pauvre bucheron et des quarante voleurs, bien des gens ignorent que William, ce parisien, est d’origine algérienne, et que sans son grand père, Michel Busnach, la Méditerrannée ne serait pas devenue, en 1830, un lac français. L’histoire en vaut une autre, et tandis que les machinistes de l’Eden posent les décors du troisième acte de l’opéra-comique de M. Lecocq, je vais la rappeler sommairement.

[récit historique]

Ainsi, sans l’aïeul de Busnach, la France ne possèderait pas notre magnifique colonie algérienne […]. Il n’aurait jamais songé, en mangeant des dattes, à écrire ni Germinal, ni Pot-Bouille, ni Le Secret de la terreuse, ni même Ali-Baba, auquel je reviens après ce crochet historique et à mon sens pittoresque.

L’opéra-comique de Mm. Vanloo, Busnach et Lecocq a été joué d’abord à Bruxelles, sans provoquer d’incident diplomatique. Le public belge avait pris autrefois plaisir à ce conte oriental, très habilement découpé en tableaux se prêtant à une riche mise en scène fournissant au musicien le prétexte d’une partition très touffue. La direction de l’Eden a pensé que les parisiens lui sauraient gré de leur restituer un aimable ouvrage dû à la collaboration de trois de leurs compatriotes.

Elle a monté Ali-Baba avec une économie suffisante.

L’interprétation est bonne. Mlle Jeanne Thibault, rendue aux vêtements de son sexe et délivrée du collant des travestis auquel elle semblait abonnée depuis de nombreuses années, est tout à fait charmante sous les voiles de Morgiane, l’esclave tendre et dévouée d’Ali-Baba. Sa voix, plus chaude et mieux conduite que jadis, donne agréablement la réplique à l’excellent chanteur Morlet, chargé du rôle d’Ali.

Gourdon, Désiré, Constance et Hurbain égayent de leur bonne humeur, avec Mme Gabrielle Arvyl, un livret bien découpé, très simple et qui ne s’attarde pas une seconde en détails oiseux. Pour les yeux, de propres costumes, d’ordinaires décors et un ballet très animé, dansé et mimé par des virtuoses telles que Mmes Compana, Bertoglio-Bora, Guerra sœurs, Vergoni et Parlato. Pour les oreilles, la partition de M. Lecocq dont il faut détacher, au premier acte, un amusant trio : « Quinze sequins et puis quinze font trente », et le chœur des voleurs « Nous sommes quarante ».

Le reste, à l’exception d’une jolie romance au troisième acte, ne dépasse pas la moyenne des œuvres moyennes du maestro.

Peut-être est-ce la faute du cadre vraiment immense de l’Eden, mais l’ensemble de l’opéra-comique bruxellois nous a paru un peu maigre. Il faut, sur cette vaste scène, de superbes décors, des costumes éblouissants, des masses chorales ou chorégraphiques, et je doute qu’une petite opérette, assez pauvrement montée, puisse satisfaire le public d’un spectacle où l’on n’entend rien, sinon les conversations bruyantes des promenoirs.

Hector Pessard

La soirée parisienne.
Ali-Baba.

Il y avait, dans Le Grand Casimir, une scène exquise dans laquelle Dupuis, harcelé par Céline Chaumont, répondait à chaque reproche de son épouse irritée :

Je ne sais pas, j’étais dans un courant !

Je n’ai jamais mieux compris qu’hier soir la profondeur de cette observation. Certes, j’ai assisté à la première représentation d’Ali-Baba, l’opéra-comique de MM. Vanloo, Busnach et Lecocq, dont Bruxelles eut la primeur et qu’on vient de reprendre à l’Eden-Théâtre. […] Seulement, j’étais dans un courant d’air. […] Et voilà pourquoi il me serait bien difficile de vous parler d’Ali-Baba, œuvre estimable probablement, mais que je me sens incapable de juger, car j’étais dans un courant d’air.

J’ai cru pourtant distinguer dans un de ces moments lucides auxquels on est parfois exposés, que M. Morlet porte avec grâce le turban d’Ali ; que Mlle Jeanne Thibault n’a rien perdu de son charme ni de ses facultés ; que Mlle Gabrielle Arvyl chantait d’une chanson fort originale, c'est-à-dire en mineur quand l’orchestre l’accompagne en majeur ; que MM. Gourdon et Désiré se donnaient beaucoup de mal, inutilement peut-être ; que M. Gobereau est toujours un de nos comédiens les plus suggestifs et que M. Constance, un jeune comique qui arrive de Genève, a de grandes chances de se faire une bonne place à Paris.

J’ai cru voir aussi, au dernier acte, un très joli décor représentant une vue du palais d’Ali-Baba avec perspective sur le Trocadéro, un soir d’embrasement. J’ai même rencontré des gens qui ont voulu me soutenir que la pièce renfermait un ballet ; mais je persiste à m’imaginer qu’ils ont voulu abuser de ma candeur. J’ai bien vu quelque chose qui avait l’air de tournoyer sur une musique qui avait l’air d’être de danse ; mais cela peut-il s’appeler un ballet ? Je n’affirme rien, du reste, n’étant pas assez renseigné. Qu’est-ce que vous voulez ? J’étais dans un courant d’air.

Si pourtant vous teniez à avoir quelques détails supplémentaires, je pourrais essayer… Non, décidément, je suis trop enrhumé… Vous n’auriez pas un lait de poule sur vous ?

Frimousse

Persone correlate

Giornalista

Hector PESSARD

(1836 - 1895)

Librettista, Giornalista

Raoul TOCHÉ

(1850 - 1895)

Compositore

Charles LECOCQ

(1832 - 1918)

Opere correlate

Ali-Baba

Charles LECOCQ

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William BUSNACH Albert VANLOO

Permalink

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data di pubblicazione : 31/10/23