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Concerts du Châtelet. Le Tasse

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Concerts du Châtelet. – Le Tasse, symphonie dramatique en trois parties, poème de M. Charles Grandmougin, musique de M. Benjamin Godard. (Première audition.)

Ce remarquable ouvrage a été couronné au concours de la Ville de Paris en même temps que le Paradis perdu de MM. Edouard Blanc et Théodore Dubois, récemment exécuté sous la direction de M. Colonne. C’est de beaucoup la partition la plus importante que M. Godard ait encore écrite, et elle le classe au nombre des jeunes musiciens desquels on peut le plus attendre.

Le poème de M. Grandmougin est divisé en trois parties et traité comme un drame libre, à la façon des légendes de Berlioz. Nous y voyons le Tasse amoureux de la princesse Éléonore de Ferrare, banni par le duc, errant à travers le monde, insulté par les courtisans, mourant dans le désespoir et la folie, et glorifié après sa mort. Cette donnée est assurément très poétique, très intéressante et très favorable à la musique.

M. Grandmougin l’a réalisée en vers excellents, avec la préoccupation visible de ne point tout devoir à son musicien. Je n’ai qu’un regret : celui de ne pouvoir citer quelques fragments de ses scènes lyriques.

Je ferai la part des qualités et des défauts de M. Godard. Ses qualités sont peu communes : il a le don musical et connaît bien les ressources de son art. Ses mélodies et ses mélopées suivent rigoureusement le sens des paroles son instrumentation les enveloppe comme d’une atmosphère vivifiante et lumineuse. Par contre, ses formules à force de s’élargir arrivent quelquefois au vague, surtout dans les deux premières parties de la symphonie. Ce n’est point là, somme toute, un défaut incurable, et l’on sent en M. Godard un tempérament de compositeur qui aura bientôt raison des nuages.

J’aime fort l’introduction rêveuse et douce, aux contours déliés, mais suffisamment nets. La fin du duo d’amour et début du trio m’ont paru traînants. À partir de la provocation, le trio se relève et se conclut par un ensemble bien accentué. L’orage accompagné d’éclairs, de pluie, de vent et de tonnerre, sur lequel se détachent la plainte de l’exilé et le bruit lointain des cloches d’un monastère, est encore un très bon morceau.

Je glisse sur le chœur des moines et la prière du Tasse, qui auraient beaucoup gagné à être soutenus par les sonorités de l’orgue, comme eût désiré M. Godard. Le duo pour ténor et basse m’a frappé par le bon caractère de la déclamation. On a fait répéter, non sans raison, la délicieuse pastorale symphonique qui a ici sa place ; mais le chœur des chasseurs qui suit est diffus, et je ne verrais aucune sorte d’inconvénient à passer tout de suite au chœur des pâtres, dont l’idée est plus heureuse.

Les scènes de la fête se composent d’un grand chœur à boire, fortement rythmé, d’une sérénade pour voix de baryton, de deux charmants airs de danse bohémienne et d’un morceau d’ensemble dramatique. Ce tableau offre un vif intérêt. Il en est de même du suivant où se trouve l’air de la folie du Tasse. Je note là le poétique rappel de mélodies déjà entendues que M. Godard entremêle de souvenirs du Dies Irae. C’est d’un effet infiniment lugubre et saisissant.

Un grand chœur d’apothéose funèbre en ut mineur, accompagné par l’ophicléide, sert de couronnement à l’œuvre, au grand honneur du musicien.

Il ne m’est pas possible de m’étendre davantage sur cette partition. J’en ai dit le mérite intrinsèque : il suffira maintenant que je reconnaisse le talent des interprètes Mmes Brunet-Lafleur et Vergin et M. Lauwers et Taskin ont été dignes de leurs rôles, assez difficiles parfois. Seul, M. Villaret fils a eu des défaillances d’organe… Mais le public n’a pas voulu s’en apercevoir plus qu’il ne convenait.

Georges

Persone correlate

Direttore d’orchestra, Compositore, Violinista

Benjamin GODARD

(1849 - 1895)

Opere correlate

Le Tasse

Benjamin GODARD

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Charles GRANDMOUGIN

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data di pubblicazione : 26/09/23