Xavière de Dubois
Le poème que M. Louis Gallet avec son talent habituel d’adaptateur habile et de versificateur délicat, a tiré du roman rustique et tout psychologique de M. Ferdinand Fabre est bien une idylle comme il le déclare en sous-titre sur l’affiche de l’Opéra-Comique, mais c’est une idylle mêlée de sombres éclairs dramatiques.
Rien de plus gracieux que l’histoire des amours de Xavière et de Landry, enfants adorablement doux et tendres, également mal traités ; elle, par sa mère, une coquette veuve sur le retour, lui par son père, un affreux maître d’école qui a gardé de son origine paysanne un farouche amour de l’argent ou plutôt de la « terre… » Rien de plus touchant que la protection accordée aux deux pauvres petits par le bon curé Fulcran, dont le timide courage est soutenu par la vieille servante Prudence… Rien de plus souriant que le couple formé par la jeune journalière Mélie avec le joyeux Galibert, un « coq de village » honnête et dévoué.
Mais rien n’est plus émouvant que la terrible scène où, voulant la mort de Xavière afin que sa mère hérite de son bien, afin, par conséquent, de pouvoir s’en emparer en épousant la veuve qu’il a affolée, l’abominable Landrinier fait ployer la branche du châtaignier sur laquelle est grimpée la pauvre petite…
Xavière tombe dans un précipice. Soignée par Prudence et le curé Fulcran, elle revient à la vie. Et comme Landrinier a été vu lorsqu’il a commis sa tentative criminelle, il se voit forcé de fuir…. Xavière implore du bon curé la grâce de sa mère qui, repentante, consent au mariage de son enfant avec le doux Landry.
Le succès de Xavière a été très vif. La partition inspirée à M. Théodore Dubois par ce poème, qui n’a rien de la banalité des livrets ordinaires, a soulevé des applaudissements mérités.
Le public a particulièrement souligné de ses bravos, au premier acte, – qui est tout entier d’une « tenue » absolument remarquable, – l’histoire de saint François d’Assises et des oiseaux, chantée et dite à miracle par M. Fugère ; puis un ravissant duo entre Xavière et Landry, dans lequel mademoiselle Fernande Dubois et M. Clément ont été délicieux.
Au deuxième acte, la belle mélodie du chant du Châtaignier a eu les honneurs du bis bien mérité, et on a beaucoup apprécié les airs populaires sur lesquels se danse un très aimable divertissement.
Dans le troisième acte, l’enthousiasme du public s’est manifesté avec justice en faveur de deux duos absolument exquis, très remarquablement chantés par mademoiselle Leclerc et M. Badiali. Un superbe septuor sert de finale et constitue une page de très belle musique.
J’ai dit au courant de cette brève analyse, la part qui revient à l’interprétation dans le succès de cette œuvre exquise. Quand j’aurai ajouté que l’orchestre de M. Danbé s’est, comme toujours, fait remarquer par son impeccable sûreté et son sentiment parfait des nuances les plus délicates de la musique à la fois savante, claire et très dramatique de M. Théodore Dubois, il ne me restera plus qu’à complimenter une fois de plus M. Carvalho sur la mise en scène dont, en artiste qui ne peut plus se surpasser mais qui reste toujours digne de sa légitime réputation, il a entouré cette Xavière, dont le succès lui fait grand honneur.
Fernand Bourgeat.
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data di pubblicazione : 15/09/23