Xavière

Lorsqu’il compose Xavière, Dubois est essentiellement connu au théâtre pour deux ouvrages en un acte, La Guzla de l’émir (1873) et Le Pain bis (1879) et son grand opéra en un prologue et quatre actes Aben-Hamet (1884). Ce scénario nouveau, déroulant une sombre intrigue au cœur de la vie rurale, hérite sans nul doute du naturalisme encore naissant de Bruneau et notamment de L’Attaque du moulin (1893), dont le livret est également signé par Louis Gallet. Dans les Cévennes, la jeune Xavière, héritière du domaine de Fonjouve, aime Landry. Mais sa marâtre de mère, Benoite, ne pourra épouser l’instituteur Landrinier et exploiter avec lui la châtaigneraie que si la jeune propriétaire disparaît. Refusant d’abord d’être mise au couvent, Xavière survit à une chute orchestrée par Landrinier. Quand l’abbé Fulcran confond les deux coupables et les menaces de poursuites, Landrinier est chassé, Benoite consent à se repentir puis Xavière et Landry célèbrent leurs fiançailles. Le livret de Gallet ne tire pas le meilleur parti du roman de Fabre et affaiblit la brutalité des sentiments nécessaire à l’intérêt du drame. Mais l’amour de Xavière et Landry trouve sa plus belle expression et offre une matière idéale au compositeur. Les duos d’amour de chacun des trois actes figurent ainsi parmi les pages musicales les plus réussies, de même que la légende de Saint François d’Assise (I^er acte), les danses cévenoles (II^e acte) et le grand septuor final (III^e acte). Créée le 26 novembre 1895 à l’Opéra-Comique sous la direction musicale de Jules Danbé et dans une mise en scène de Léon Carvalho, l’œuvre remporte un succès d’estime, mais divise la critique quant à son immobilisme dramatique ou tout au contraire la sobre et élégante conduite du propos.