Les Premières. Les P’tites Michu
LES PREMIÈRES
Bouffes-Parisiens – Les « P’tites Michu », opérette en trois actes, de MM. Vanloo et Duval, musique de M. André Messager.
Cette opérette est presque un opéra comique, autant à cause de la musique de M. Messager, toujours très fine et distinguée, qu’à cause du livret, d’une très aimable honnêteté, où tout le monde, au baisser du rideau, se marie.
L’histoire de ces p’tites Michu, à l’inverse de bien d’autres histoires d’opérette, n’est ni très compliquée ni très touffue. Il s’agit de deux petites filles, Blanche-Marie et Marie-Blanche, dont l’une est la fille du général des Ifs, un ancien émigré, et l’autre, celle du bon Michu, un brave paysan à qui la marquise, en partant pour l’exil, a confié sa fillette, que Michu fera passer pour la sœur de sa propre fille.
Les deux petites grandissent donc et sont élevées ensemble, considérées par tous comme deux sœurs jumelles. Mais, ainsi qu’il arrive toujours au théâtre, Michu, un jour que les petiotes étaient dans la même baignoire, n’a plus su les reconnaître ; il les a bel et bien confondues, de sorte qu’il ne sait plus du tout laquelle est sa fille et laquelle est la fille du marquis.
Ce dernier, cependant, rentre d’exil, et il rentre même dans d’excellentes conditions, car il s’est rallié au nouveau régime, et le voilà général, couvert de décorations et de crachats, doré sur toutes les coutures.
Son premier soin, en revenant au pays, est de courir chez Michu chercher sa fille. Mais le bon Michu ne sait laquelle lui donner de Blanche-Marie ou de Marie-Blanche. Il faudrait être fixé, cependant, car le général a un aide de camp auquel il a promis la main de sa fille, et il ne faut pourtant pas s’exposer à lui donner pour femme la fille de Michu. D’un autre côté, Michu a un filleul qui aime une des deux petites, et voyez-vous que ce soit la fille du général qui lui échoie en partage ?
Cruelle, cruelle énigme !
Tout s’arrange heureusement, les amoureux étant doués d’une double vue. La vraie fille du général est finalement reconnue à sa ressemblance avec un portrait de sa mère, et l’aide de camp du général peut l’épouser en toute sûreté, tandis qu’Aristide, le filleul de Michu, épousera, lui aussi, celle qu’il aime.
Telle est cette pièce, tout à fait gentille, agrémentée d’une musique charmante, pleine de grâce pimpante et d’alerte fraicheur. Les P’tites Michu ont beaucoup réussi. Elles étaient, d’ailleurs, excellemment interprétées par Mlle Odette Dulac, qu’il faut citer en première ligne pour son spirituel entrain, son élégante finesse et son exquise façon de chanter et de dire, et par Mme Alice Bonheur, dont le succès n’a pas été moindre.
M. Regnard est un père Michu excellent ; M. Lamy chante juste, ce qui est bien le moins quand on joue Aristide, et M. Brunais, dans le rôle de Bagnolet, l’ordonnance du général, est vraiment impayable.
Voilà les p’tites Michu mariées, et bien mariées. Il y a gros à parier qu’elles auront beaucoup d’enfants.
Emmanuel Arène
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Les P'tites Michu
André MESSAGER
/Albert VANLOO Georges DUVAL
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data di pubblicazione : 05/10/23