Semaine théâtrale. Les envois de Rome
SEMAINE THÉÂTRALE
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Les envois de Rome.
Au Conservatoire, les choses se sont passées plus modestement : d’abord on n’y était admis que sur billets d’invitation. Donc pas de recette possible. Ensuite, le programme ne se composait que d’essais dus à nos jeunes prix de Rome, Hillemacher et De La Nux, interprétés par des élèves du Conservatoire, pour ce qui concerne la partie vocale du moins. Seule, Mlle Marie Battu et le baryton Dufriche sont venus là gracieusement apporter leur personnalité et en faire bénéficier la Lucrèce de M. De La Nux. Il serait pourtant injuste de ne point citer M. Belhomme et la gracieuse Mlle Rémy qui ont comparu en solistes dans la légende de sainte Geneviève de M. Hillemacher.
Les deux œuvres, insuffisamment répétées à l’orchestre, n’ont pas donné tout ce que les jeunes auteurs en espéraient, pas plus que la suite d’orchestre de M. Hillemacher, avec laquelle on a ouvert la soirée. Cela tient aussi, il faut bien le reconnaître, à l’ambition démesurée des deux grands prix de Rome de 1876. Ils se sont attaqués à des sujets bien ardus, pour ne pas dire plus, et dans lesquels ils ont voulu tout prouver, excepté, peut-être, ce qui est et restera éternellement l’élément constitutif de la musique : la mélodie. Que Rossini a donc été bien inspiré de créer un prix « de mélodie », autrement dit « d’inspiration ». Puisse cette judicieuse disposition testamentaire de l’immortel chantre de Guillaume Tell arrêter la jeune école française sur la voie de l’abîme wagnérien. Il n’est que temps.
Nous ne dirons rien de plus de cette séance des envois de Rome, tout en constatant qu’on sent déjà la main d’un jeune maître en M. De La Nux, et que M. Hillemacher nous paraît aussi prendre son art au sérieux et de haut ; mais que l’un et l’autre se fassent plus simples, plus clairs, qu’ils se donnent grand souci des voix, et que leur instrumentation devienne plus tempérée, moins prolixe. Qu’ils étudient Mozart, Gluck, Rossini, Weber et Beethoven ; ils apprendront au contact de pareils maîtres, « l’art des grands effets en peu de notes. » Tout le secret de la véritable musique est là. [...]
H. Moreno
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data di pubblicazione : 16/10/23