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Théâtres. La Montagne noire

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Data di pubblicazione :

THÉÂTRES
La « Montagne Noire »

L’opéra de Mlle Augusta Holmes nous conduit au Monténégro l’action se passe il y a deux cents ans. Les gens de la Montagne noire sont en guerre avec les Turcs. Au premier acte, la bataille est engagée. On entend la fusillade. Les Monténégrines, rangées autour du pope, implorent pour leurs maris et pour leurs frères l’assistance du ciel. Enfin, les chrétiens reviennent vainqueurs. À leur tête, Mirko et Aslar. Arcades ambo. Tous deux valeureux et s’aimant d’une amitié fraternelle. Ils ont dirigé l’effort des cohortes patriotes. Le triomphe leur est dû. La bénédiction de Dieu s’étend sur leur dévouement réciproque, né et grandi dans les combats. Mirko est fiancé à Héléna. Mais, tout à coup, on entend des cris ; on amène une femme, une Turque, Yamina, belle sous ses longs cheveux fauves et dans ses voiles flottants. Elle suivait l’armée des Turcs. On veut la mettre à mort ; mais Mirko implore sa grâce, l’obtient et donne Yamina en esclave à sa vieille mère. Déjà le pauvre Mirko est pris par les yeux troublants d’Yamina.

Au second acte, Mirko est de plus en plus amoureux. Héléna se désespère. Explications. Retour de Mirko vers Héléna, nouveaux serments. Mais Yamina reparaît. Et, de nouveau, les serments de Mirko s’envolent. Il fait pis que trahir Héléna ; il décide de fuir avec Yamina et d’abandonner tout, sa fiancée, sa mère, sa patrie.

Au troisième acte, Aslar a poursuivi les fugitifs dans la montagne. Il les rejoint. Il décide Mirko à revenir ; mais il suffit que Yamina, alors endormie, se réveille pour qu’aussitôt s’évanouissent encore les bonnes résolutions de Mirko. Aslar voit son ami faiblir il lui barre le passage, offrant sa poitrine aux coups de Mirko. Celui-ci hésite à frapper, mais Yamina donne très proprement un coup de sabre au vertueux Aslar. Sur ce, les gens de la Montagne noire arrivent et relèvent Aslar blessé, qui se garde de dénoncer son ami. Mirko les suit.

Au quatrième acte, Mirko a encore une fois changé d’avis. Il est chez Yamina, dans une ville turque. Il « vide à longs traits la coupe des plaisirs », comme dit un poncif. Il s’enivre littéralement, au milieu de lascives aimées, sous les longs regards pâmés de Yamina. Aslar — le fâcheux ! — surgit parmi ces femmes, ces fleurs et ces parfums. Il supplie une dernière fois Mirko de changer de conduite mais il est bien tard. Aslar, qui a juré de sauver l’âme de Mirko mort ou vivant, tue son ami et meurt sur son corps.

Tel est le poème, monotone et d’un intérêt médiocre. C’est Carmen ou l’Africaine. Mais il y avait dans Carmen de la vie et de la couleur ; dans l’Africaine, la figure de Selika est touchante. Dans la Montagne noire, les personnages sont exsangues et sans relief. On ne sait ce qu’ils sont ni ce qu’ils veulent.

Quant à la musique, il est certain que Mlle Augusta Holmès n’ignore pas son métier : elle l’a prouvé. Mais un opéra ne se construit pas musicalement avec des habiletés techniques et de bonnes intentions mélodiques, parsemées de quelques trouvailles. Il y faut de l’émotion. Or, c’est peut — être ce qui manque de plus à la Montagne noire. Au second acte, seulement, il y a quelque trace d’un sentiment sincère et vrai, sincèrement et simplement traduit. De temps à autre, une phrase d’un coloris agréable, une modulation ingénieuse et suave nous rappellent le compositeur des Argonautes et des Griffes d’or. Mais le tissu de toute cette musique est lâche et flottant comme les longs voiles.de Yamina. Il n’y a ni suite ni consistance. L’orchestre n’existe guère, la déclamation manque de distinction, comme aussi les ensembles. Le piano recueillera sans doute quelques pages où soupire la langueur de Yamina.

Mlle Bréval était belle en esclave turque. Le rôle était écrit un peu bas pour sa voix, mais cette artiste est toujours intéressante. Mme Héglon n’a que quelques phrases à dire : assez pour faire constater qu’elle est toujours en progrès constants et sûrs. Mlle Berthet bêle sans conviction son rôle effacé de princesse de tragédie délaissée par le Cid monténégrin. MM. Alvarez, Renaud et Gresse sont bons, comme à l’ordinaire. Cette salle de « première », hier soir, était fort belle, M. Félix Faure assistait à la représentation avec sa famille et avec Mme Ribot dans la loge présidentielle.

Persone correlate

Compositrice, Pianista, Librettista

Augusta HOLMÈS

(1847 - 1903)

Opere correlate

La Montagne noire

Augusta HOLMÈS

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Augusta HOLMÈS

Permalink

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data di pubblicazione : 31/10/23