Concerto pour violon et orchestre n^o 3

Sur un ensemble de quatre, le Troisième Concerto pour violon est le seul du compositeur à s’être véritablement inscrit au répertoire de l’instrument. L’œuvre se structure en trois mouvements. Sur un trémolo des cordes, le soliste engage immédiatement le vif échange de l’Allegro et expose successivement un premier thème passionné puis un second thème expressif et caressant. L’Andantino qui lui succède s’entend comme une barcarolle à trois temps, où le soliste égrène un chant au libre déploiement, émaillé de commentaires des bois. Le dernier mouvement s’ouvre par la stylisation d’un récitatif d’opéra, où le soliste prélude avec théâtralité, provoquant la réponse du tutti dans un éclatant final. S’il ne prend jamais en charge l’exposition thématique – qui d’un bout à l’autre de la partition reste à l’initiative du soliste – l’orchestre explore une palette intensément riche, où se succèdent sans emphase une certaine dimension tragique, une forme de religiosité introspective et de vigoureux élans romantiques. Saint-Saëns débute la composition en 1879 – soit deux ans après la création de Samson et Dalila – et dédie sa partition au célèbre violoniste Pablo de Sarasate qui en assure la création à Hambourg. L’ordonnance claire de l’œuvre, peut-être trop sage, s’accompagne d’un parcours tonal plus surprenant et d’un usage de la virtuosité assez nouveau, s’exprimant par épisodes, dans une étonnante souplesse et un sentiment de grande liberté. En 1913, Saint-Saëns propose la transcription d’une partie de l’ouvrage sous la forme d’un « Allegro de concert » pour violon et piano.