La Nuit pour alto et piano
Le 8 décembre 1844, la création du Désert, ode-symphonie de Félicien David sur un texte d’Auguste Colin, reçut un accueil triomphal. Berlioz loua en particulier l’« Hymne à la nuit », air de ténor chanté au début de la deuxième partie : « L’Hymne à la nuit est délicieux et ne peut se décrire… Oh ! le beau, l’adorable morceau ! » Précédée d’une introduction orchestrale poétique et délicate, la voix célèbre le repos bienfaisant : « Ô nuit, ô belle nuit, ta fraîcheur nous réjouit, quand après la prière, sur le sable mouvant, la caravane entière se repose en rêvant. Ô nuit, ô belle nuit, ta fraîcheur nous réjouit. Comme une amante comble l’attente d’amour, tu calmes l’ardeur dévorante du jour. » Dans cet air en deux parties quasi identiques, lyrisme noble et soutenu se déploie sur un rythme berceur. L’exotisme reste discret, perceptible dans un bref motif ornemental qui passe du ténor à l’orchestre. On remarquera également la fixité de la note de basse, susceptible d’évoquer quelque musique de tradition orale, et qui concourt à donner une sensation d’immobilité. Henri Vieuxtemps (1820-1881) ne fut pas seulement l’un des plus grands violonistes de sa génération. Il jouait aussi de l’alto, pour lequel il composa plusieurs partitions. C’est au timbre voilé de cet instrument qu’il destina sa transcription, réalisée vers 1860. La première partie suit la partition d’origine, tandis que la ligne mélodique s’orne de souples volutes dans la seconde. Hasard du destin, Vieuxtemps mourut à Alger, aux portes de ce désert que David avait célébré.
Permalink
data di pubblicazione : 06/09/23
Effettuare una ricerca