La Source

La Source est le premier ballet signé du nom de Léo Delibes, un compositeur de 29 ans, second chef des chœurs à l’Opéra depuis 1863, et qui a fait ses preuves en arrangeant en 1864 un ballet de Paolo Giorza, La Maschera. C’est sans doute sur sa recommandation du directeur de l’Opéra que la musique du nouveau ballet que doit produire le chorégraphe Arthur Saint-Léon est partagée entre Ludwig Minkus et Delibes. Naïla, esprit d’une source qui jaillit dans le Caucase, aime le chasseur Djémil. Lui, cependant, n’a d’yeux que pour Nouredda, elle-même destinée à épouser le Khan. Naïla se sacrifie pour servir l’amour de Djémil : elle séduit le Khan, donne à Nouredda un philtre d’amour qui l’attache au chasseur, et meurt. À Delibes ont été confiés les deuxième et troisième tableaux. Sa musique, dynamique et remplie d’humour, sait se faire émouvante, notamment lorsqu’elle exprime les tourments amoureux du chasseur. Saint-Léon, forte personnalité, dirige d’une main de fer l’équipe créatrice. Le rôle de Naïla, destiné à Adèle Grantzow, une danseuse exceptionnelle, est finalement créé par la terne Guglielma Salvioni, et c’est Eugénie Fiocre, en Nouredda, que Degas choisit de peindre. Si la musique de Delibes est saluée par les critiques, le ballet n’obtient un peu de succès qu’à la reprise de 1872 avec Rita Sangalli et quitte le répertoire de l’Opéra en 1885. Un nouveau ballet, Soir de fêtes, bâti en 1925 par Henri Büsser sur la partition de Delibes, jouit en revanche d’une fortune durable. La Source a été reprise avec faste dans son intégralité en 2011 au Palais Garnier.