Le Timbre d’argent et ses transformations

En 1880, lorsque l’on demanda à Saint-Saëns d’effectuer quelques révisions dans son Timbre d’argent qui n’avait alors été monté que deux fois, l’une à Paris et l’autre à Bruxelles, en vue d’une possible production à Saint-Pétersbourg, le compositeur répondit : « Vous vous rendez compte que ce serait la sixième version de cet opéra ». « Ce n’est plus un opéra, c’est un cauchemar ». De fait, l’œuvre ne fut pas montée à Saint-Pétersbourg, mais le « cauchemar » ne prit pas fin pour autant puisque Saint-Saëns dût se remettre au travail en 1894, en 1903 puis à nouveau en 1913. De tous les opéras du compositeur, Le Timbre d’argent est celui qui aura connu le plus grand nombre de révisions et d’altérations. Voilà un motif légitime de rappeler aujourd’hui cette œuvre à la vie et de l’étudier. Une autre bonne raison tient à son livret, exemple réussi du travail de Jules Barbier et Michel Carré, un couple de librettistes phare de cette période dont la plume viendra nourrir Halévy, Meyerbeer, Bizet, Reyer, Gounod (Faust, Mireille, Roméo et Juliette et d’autres), c’est-à-dire le panthéon des compositeurs français d’alors.