Velléda, Sémélé, dernières hésitations de l’Institut avant le choix de la réaction
Qui entend Velléda se rappelle la lecture des Martyrs de Chateaubriand (1809). Qui entend Sémélé revoit la toile homonyme de Gustave Moreau (Jupiter et Sémélé, 1895). Tel pourrait être le réflexe de l’honnête homme d’aujourd’hui, réflexe malheureusement démenti par l’exactitude historique (les dates sont têtues) puisque Sémélé fut imposée aux logistes du concours de Rome quelques mois avant seulement (mais quand même) qu’un riche amateur n’en commande à Moreau la version peinte. Si Chateaubriand, cité en exergue du texte de la cantate, est bien la source de l’épreuve du concours de 1888 (avant lui, Velléda n’étant qu’une « devineresse qui régna dans la Germanie, où elle fut depuis révérée comme divinité » selon le Dictionnaire abrégé de la fable de 1787), Moreau ne peut pas être celle de l’année suivante. Mais cette comparaison hâtive entre Chateaubriand et Moreau, deux partisans d’une même esthétique de la retenue, voire de la douleur rentrée, a cela de bon qu’elle permet de mieux en venir au fait, à cette idée confirmée par les livrets ultérieurs (grosso modo ceux retenus pour le concours de Rome une vingtaine d’années durant), selon laquelle, pour paraphraser la préface d’Atala, « on n’est point un grand artiste parce qu’on met l’âme à la torture ».
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data di pubblicazione : 09/10/23