La villa Médicis au temps d’Ingres
Tout commença mal. Ingres venait de subir un échec au Salon de 1834 avec une oeuvre (Le Martyre de saint Symphorien) à laquelle il attachait une extrême importance. Son « maître tableau » avait été éclipsé par L’Exécution de Jane Grey de Paul Delaroche. Ingres en conçut une amertume immense, se considérant un homme fini. Susceptible, boudeur et têtu, tel était « Monsieur Ingres », cet artiste qui représentait une institution à lui seul – incarnation des notions abstraites de classicisme ou d’École –, et c’est ce qui le rend si attachant. Il atteint les sommets de la plastique pure, d’une espèce de peinture en soi et, en même temps, garde les pieds bien ancrés dans le quotidien le plus borné. Sa peinture est aussi désincarnée que l’homme reste accessible. L’abattement d’Ingres fut augmenté par ce qui était pourtant une faveur. Nommé directeur de l’Académie de France à Rome, il estima qu’on l’y envoyait trop tôt et pour de mauvaises raisons : se débarrasser de lui. Tous ces événements de l’année 1834, cette suite de vexations, tenaient donc, pensait-il, du complot contre sa personne. Jurant ses grands dieux qu’il se retirait une bonne fois pour toute de la scène publique, Ingres partit donc, fin 1834, pour six années d’exil – le mot est de lui – à Rome.
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data di pubblicazione : 09/10/23