L’ Omelette à la Follembûche

La carrière de Delibes a démarré en trombe avec le succès des Deux Vieilles Gardes aux Bouffes-Parisiens en 1856. En 1859, à 23 ans, il mène une vie bien remplie entre son poste d’accompagnateur au Théâtre-Lyrique et ses travaux de composition. Le livret de L’Omelette est signé de deux plumes déjà reconnues, celles d’Eugène Labiche et Marc Michel. La texture de la nouvelle opérette s’est étoffée par rapport à celle des premiers opus, le privilège des Bouffes-Parisiens permettant depuis 1857 l’insertion dans les pièces de chœurs et d’un nombre illimité de personnages. Les librettistes mettent ainsi en scène six personnages principaux et une cohorte de figurants. Sous Louis XV, deux jeunes châtelains de province promis l’un à l’autre, un jeune homme benêt et une jeune fille peu pressée de conclure l’affaire, voient leur réception de fiançailles perturbée par l’arrivée d’une troupe de mousquetaires. De rebondissements en quiproquos, le capitaine des mousquetaires finit par préserver in extremis le roi d’une omelette empoisonnée et gagne ainsi la main de la jeune Berthe de Follembûche, ravie d’échapper à son benêt. Delibes compose sept numéros, mêlant pastiches de musique ancienne (ouverture et chœur a cappella des mousquetaires), parodies de grand opéra et airs franchement bouffe, comme la « ronde de l’omelette ». L’opérette obtient un succès mitigé, sans doute en raison des circonstances de sa création, au seuil de l’été. Elle est reprise en 1866 au théâtre des Fantaisies-Parisiennes, et se joue couramment dans les cafés-concerts et les théâtres de banlieue à la fin du XIX^e siècle.