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Premières représentations. Thaïs

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PREMIÈRES REPRÉSENTATIONS
OPÉRA
« Thaïs », comédie-lyrique de MM. Anatole France et Louis Gallet, musique de M. Massenet.

Le livret de Thaïs est tiré du roman de M. Anatole France. Il est divisé en trois actes et sept tableaux.

Au lever du rideau, nous sommes dans la Thébaïde où les Cénobites sont en train de prendre leur repas frugal. Ils sont inquiets de l’absence de leur frère Athanaël, qui ne tarde pas à revenir.

Il est triste et découragé par ce qu’il vient d’apprendre. Une femme du nom de Thaïs remplit la ville d’Alexandrie de ses scandales et de ses orgies. Athanaël jure de débarrasser les hommes de cette courtisane et de gagner son âme à Dieu. La nuit vient, les Cénobites se retirent et Athanaël s’endort devant sa cabane. Tout à coup lui apparaît en rêve l’intérieur du théâtre d’Alexandrie plein de monde. Thaïs est en scène et se livre à une danse aussi voluptueuse qu’enivrante. Brusquement, la vision disparaît et Athanaël se lève épouvanté. Il appelle ses frères et leur annonce son départ pour la ville maudite.

Le deuxième acte nous transporte à Alexandrie, devant la maison de Nicias, l’amant de Thaïs. Athanaël arrive et Nicias lui explique le motif de sa venue parmi ses anciens camarades de plaisir ; Nicias lui prête une robe aux riches broderies qui remplace sa tunique de bure et il assiste au banquet de Thaïs. Il s’approche d’elle, lui dévoile l’objet de sa mission. Thaïs le repousse et le défie.

Nous retrouvons Thaïs au troisième tableau, dans son palais, où Athanaël ne tarde pas à la rejoindre. Thaïs le regarde sans le railler ; elle écoute ses paroles ; peu à peu Athanaël s’enflamme, sa voix devient persuasive, il émeut Thaïs qui lui dit qu’elle sera à lui. Mais l’amour entre dans le cœur d’Athanaël.

Nous voici sur une place, devant la maison de Thaïs. Athanaël dort couché sur les marches ; Thaïs paraît. Elle appelle Athanaël et lui déclare qu’elle est prête à le suivre. Mais, avant de partir, Athanaël veut qu’elle anéantisse tout son passé et qu’elle livre aux flammes ses richesses et ses parures. Thaïs, résignée, se dirige vers la maison. Nicias et ses amis apparaissent ; ils voient Athanaël suivi de Thaïs revêtue d’une robe toute simple et les cheveux défaits. Ses esclaves l’accompagnent tristement, regardant la maison d’où monte déjà une épaisse fumée. La foule envahit la scène, elle menace les coupables. L’incendie augmente. Athanaël défend Thaïs et fuit avec elle.

Au troisième acte, Athanaël est revenu dans la solitude thébaine, mais l’amour a fait son œuvre et c’est ici que se place le ballet. Autour du cénobite endormi, apparaissent les esprits de la tentation qui s’emparent de son âme et le font pénétrer dans le palais de la Perdition. Le saint va succomber quand des accords célestes se font entendre ; Athanaël se réveille. Hélas ! il s’aperçoit qu’il n’est plus lui-même. Au dernier tableau, Athanaël arrive auprès de Thaïs, étendue sur sa couche et entourée de religieuses. Elle va mourir ; il reçoit l’âme expirante de la belle courtisane.

Ce livret qui ne manque ni de grandeur ni de hardiesse, a cependant un défaut capital : il devient monotone par les situations qui se représentent toujours les mêmes chaque fois.

La partition de M. Massenet renferme des pages d’une inspiration très élevée. Le compositeur a cherché à ressusciter un monde symbolique et mystique et a trouvé une note de charme surnaturel, exquise et suave. La richesse et le coloris de l’instrumentation donnent à cette œuvre magistrale un relief et un intérêt tout particulier.

Mlle Sybyl Sanderson est l’héroïne de la pièce, le rôle de Thaïs, écrit spécialement pour elle, convient bien à ses qualités physiques et musicales. On pouvait craindre que sa voix, d’un cristal si pur et si fragile, ne perdît un peu dans le cadre de l’Opéra. Il n’en est rien et c’est avec une réelle puissance qu’elle a merveilleusement chanté ce rôle, qui restera certainement comme une de ses plus brillantes victoires.

M. Delmas déploie dans le rôle d’Athanaël des qualités de chanteur et de comédien de premier ordre. Cet artiste est tout simplement superbe et son succès personnel a été très vif. M. Alvarez fait apprécier sa jolie voix dans le rôle effacé de Nicias ; Mmes Héglon et Marcy chantent à ravir deux rôles secondaires. L’ensemble de l’exécution, sous la magistrale direction de M. Taffanel, est à la hauteur de sa tâche et la mise en scène splendide de Thaïs est digne de l’Académie nationale de musique.

Victor Roger.

Repris dans La France de Bordeaux et du Sud-Ouest, 19 mars 1894.

Persone correlate

Compositore

Victor ROGER

(1853 - 1903)

Compositore, Pianista

Jules MASSENET

(1842 - 1912)

Opere correlate

Thaïs

Jules MASSENET

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Louis GALLET

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data di pubblicazione : 03/11/23