Coppélia ou La Fille aux yeux d'émail

Après avoir remporté deux succès à l’Opéra, avec La Source en 1866, puis un divertissement ajouté au Corsaire d’Adolphe Adam en 1867, Delibes reçoit la commande d’une nouvelle musique de ballet. Arthur Saint-Léon, le chorégraphe, et Charles Nuitter, l’auteur de l’argument, adaptent un conte d’E.T.A. Hoffmann, L’Homme au sable. Ils en atténuent le côté noir – chez Hoffmann, le héros, amoureux d’une poupée, se suicide – en mettant en valeur le personnage lumineux de la fiancée du héros, Swanilda. Celle-ci, espiègle et fine, est prête à tout pour regagner son Franz séduit par Coppélia, le mannequin de cire créé par Coppélius. Grâce à ses facéties, elle épuise le vieux savant et sauve son fiancé. Au dernier tableau, la fête de la Cloche abrite les amours des héros, tandis que Coppélius est lamentablement renvoyé. Destiné d’abord à Adèle Grantzow, le rôle de Swanilda échoit finalement à une danseuse de 16 ans, Giuseppina Bozzacchi, dont la grâce et l’intelligence subjuguent les spectateurs. Les exigences de Saint-Léon ne brident pas la créativité de Delibes. Les cors du prélude plantent l’atmosphère romantique qui convient au conte d’Hoffmann, tandis que le compositeur laisse éclater sa verve dans les airs remplis de gaîté qui accompagnent le triomphe de Swanilda. Les représentations du ballet, interrompues par la guerre franco-prussienne, reprennent dès 1871, sans Bozzacchi tristement disparue le jour de ses 17 ans. Le ballet n’a jamais quitté le répertoire de l’Opéra, et son argument fantastique, porté par une musique de qualité, continue à inspirer les chorégraphes du XXI^e siècle.