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Premières représentations. Les P’tites Michu

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PREMIÈRES REPRÉSENTATIONS
THÉÂTRE DES BOUFFES-PARISIENS. – Les P’tites Michu, opérette en trois actes, de MM. Albert Vanloo et Georges Duval, musique de M. André Messager.

Très grand, très grand, très grand succès. Qui donc oserait jurer que les deux p’tites Michu ne seront pas les deux p’tites Gosses des Bouffes-Parisiens ? Et, en vérité, je ne pense pas que l’on ait jamais entendu, dans un plus joli charme de belles filles exquisement habillées et plus exquisement déshabillées, une plus délicieuse et plus parfaite musiquette.

La pièce ?

Ah ! dame, la pièce…

On avait mis les deux petites, toutes petites, dans le même bain. Quand on les en retira, on ne les distingua point l’une de l’autre ; et il fut tout à fait impossible, désormais, aux époux Michu, le nourricier et la nourricière, de savoir laquelle des deux fillettes était leur propre enfant, laquelle était l’enfant du général des Ifs. Moi, si on mettait aujourd’hui les p’tites Michu, – ce sont Mlles Alice Bonheur et Odette Dulac,– dans la même baignoire, je pense que je n’aurais aucune hésitation ; et même il y aurait à constater leurs exquises différences, quelque agrément bien propre, je suppose, à intéresser une âme un peu bien située. Mais voici que le général des Ifs, veuf, et revenu de lointaines campagnes, veut marier sa fille au capitaine Gaston Rigaud. Seulement, sa fille, comment la démêler parmi le couple des p’tites Michu, pensionnaires dans l’institution de Mlle Herpin, personne héroïque et farce, au prodigieux chapeau enrubanné ? À vrai dire, si les auteurs de ce livret ont une grande abondance d’imagination, ils n’ont pas laissé de s’en montrer quelque peu avares. Mais du moins, ils nous ont épargné le chagrin,– que je prévoyais, hélas ! – de faire reconnaître l’une de l’autre les jeunes personnes à quelque marque mystérieuse, – fraise, framboise, ou un petit cygne noir près de l’épaule, – et, sans nulle ironie, je loue vivement MM. Arthur Vanloo et Georges Duval d’avoir négligé ce bas artifice. D’ailleurs, ce n’est point sot du tout que les p’tites Michu révèlent chacune son origine par l’amour qu’elle a ; la fille du général adorera le capitaine, la fille du marchand aux Halles adorera le garçon de boutique ; et pour ce qui est de montrer au général celle des deux petites qui est la sienne, Marie-Blanche poudre, farde, maquille Blanche-Marie en manière de marquise de pastel ; et le général, qui fut marquis, s’écrie : « Mais c’est ma fille ! » L’amusette de ce vivant portrait est jolie, fort jolie en vérité. Et en somme, ce livret, très simple, point grossier, ne serait point pénible du tout, s’il n’était absolument dépourvu de belle humeur, de brio, de farce vraiment farce, et si le dialogue ne s’en traînait souvent en de trop navrantes, en de trop surannées insipidités. Certes, le théâtre des Bouffes-Parisiens obtiendra un grand succès. Mais il le devra surtout à la musique de M. André Messager, remarquablement jouée par l’orchestre de M. Thibaut, très finement et très sûrement chantée par Mlle Bonheur et Mlle Dulac. Ah ! qu’elles sont gentilles, jeunettes, fines, et si bonnes musiciennes aussi, à côté de M. Regnard, gai, et de Mme Vigoureux drôle et fraîche, ces deux petites gosselines, dont tout Paris, roquentin éperdu des fillettes, va raffoler. Et la jolie musique ! Comme elle est souple, preste, ingénieuse ! Comme elle sait être gaie sans être banale, tendre sans être romancière, savante aussi sans être pédante. Et c’est de l’amusement, du charme ; et la perfection même. Car, vous ne l’ignorez pas, aucun musicien contemporain n’est supérieur à André Messager qui seul jusqu’à ce jour réalisa en France, par Madame Chrysanthème, la Comédie Musicale. Et le public s’est honoré en faisant un chaleureux accueil à l’œuvrette de ce grand artiste.

CATULLE MENDÈS.

LA SOIRÉE THÉÂTRALE
« LES P’TITES MICHU »

On n’accusera pas le directeur des Bouffes de manquer d’éclectisme, puisqu’aux polissonneries de Petites Femmes il fait succéder l’opérette honnête, sentimentale et patriotique, qui serait tout à fait digne d’être offerte en spectacle aux jeune filles ayant bien travaillé, si l’on menait encore les jeunes filles aux spectacles honnêtes. Mais aujourd’hui l’instruction est si avancée ! Bref, les P’tites Michu, ce n’est pas tout à fait du théâtre blanc, mais c’est déjà du théâtre mauve. Je vous assure que je n’y ai pas rougi une seule petite fois.

Sur la scène, plus de divans équivoques, plus de baignoires d’où surgissent des torses nus ; si M. Dambrine fait des effets de moustache, c’est dans la salle, en spectateur, et l’on voit plus de gorges décolletées dans les loges que sur la scène. Les petites femmes des chœurs ont des airs de pensionnaires ; Mlles Dulac et Bonheur sautent à la corde, invoquent le bon saint Nicolas, et tout finit par mariages d’amour.

M. Coudert n’en a pas moins fait son devoir de bon metteur en scène et habillé tout son monde à la dernière mode de 1808, époque à laquelle se passe la pièce. L’Empire est encore à la mode, vous le savez, et les beaux uniformes des héros de l’épopée napoléonienne sont toujours admirablement scéniques. Mais voilà ! Il faut aussi savoir les porter, et il y a des malheureux chapeaux surchargés de plumes qui ont causé bien du désagrément aux pensionnaires mâles de M. Coudert. M. Manson est aussi embarrassé de son couvre-chef que Mlle Dulac l’est de ses mains ; M.Manson a encore la ressource de déposer sa coiffure à droite, à gauche, de l’accrocher aux boutons de portes, ou de la serrer sur son cœur, comme un pot de fleurs encombrant. Mais Mlle Dulac est bien forcée de garder ses mains ! Il faudrait lui faire suivre un cours de mains-tiens !

Du reste, on lui pardonne ce petit embarras, en faveur de sa voix charmante et de la jolie vision qu’elle nous donne, lorsque sa camarade, Mlle Bonheur, a achevé de lui poudrer les cheveux et de la métamorphoser en marquise.

Enfin, tout cela forme un ensemble aimable, gracieux, que complète encore la partition distinguée de M. Messager. Les auteurs ont visé à une grande unité d’effet, et ils y ont réussi. Il est même rare de voir une pièce qui soit si bien de son temps, c’est-à-dire du temps où elle se passe.

 MONSIEUR LOHENGRIN. 

Persone correlate

Librettista, Poeta

Catulle MENDÈS

(1841 - 1909)

Direttore d’orchestra, Compositore, Organista

André MESSAGER

(1853 - 1929)

Opere correlate

Les P'tites Michu

André MESSAGER

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Albert VANLOO Georges DUVAL

Permalink

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data di pubblicazione : 29/09/23