Quatuor avec piano

Composé cinq ans après la Grande Fantaisie-Quintette et créé, comme elle, à Lorient, par le même « groupe de professeurs et d’amateurs » – sans doute avec la compositrice elle-même au clavier –, le Quatuor avec piano de Rita Strohl ne connaîtra pas non plus de publication du vivant de son autrice. C’est à partir de son manuscrit, daté de juin 1891 et conservé par ses descendants, qu’une partition moderne a pu être réalisée par le Palazzetto Bru Zane en 2022. L’ouvrage suit un plan en quatre mouvements, usuel en cette fin de siècle pour une pièce de ce genre, mais il paraît prendre pour modèle les classiques viennois, notamment Beethoven dont le premier quatuor avec piano s’achève aussi sur un Thème et variations. La partie de piano domine l’effectif et réclame les plus grandes qualités techniques. Cependant, Strohl équilibre son ensemble avec plus de soin que dans ses œuvres précédentes. Les trois archets se trouvent d’ailleurs mobilisés dans toute leur vivacité dès le « Premier mouvement » très dynamique, au cours duquel Andante et Allegro con moto alternent à de nombreuses reprises pour imposer une dramaturgie grandiloquente, proche des ouvertures d’opéra. Plus détendu, l’Andante adopte un ton pastoral auquel le Scherzo qui suit fait écho en évoquant les joies et tumultes d’une fête rustique. Le Thème et variations final, qui frise l’exercice de style, propose huit transformations de son intitulé initial, passant d’une métrique binaire (variations 1 et 2) au trois temps (variations 3 et 4, puis 6) et se réservant un dernier feu d’artifice pour son ultime occurrence.