Papillon

Le Papillon op. 77 de Gabriel Fauré s’est progressivement imposé, depuis sa publication en 1898, parmi le répertoire virtuose du violoncelle et c’était l’effet recherché. Après le grand succès de l’Élégie, Gabriel Fauré est sommé par son éditeur Hamelle de fournir une pièce analogue, garantie de réussite commerciale en mains. C’est cette pièce, d’envergure plus modeste qui en assura le rôle. Si Fauré, pour qui l’intitulation programmatique est à éviter, avait donné le simple titre de « Pièce pour violoncelle », Hamelle insiste pour un titre plus accrocheur et impose celui sous lequel on connaît cet opus 77. La réponse du compositeur est sans appel : « Papillon ou mouche à m…, mettez ce que vous voulez. » C’est alors que rétrospectivement on a voulu voir, dans la série de double-croches initiale, la figuration d’un battement d’ailes éphémères. L’aspect insaisissable de la musique de Gabriel Fauré aura certainement participé de cette relecture. La courte pièce, bâtie autour de deux idées contrastantes, développe dès la première partie l’essentiel de son appareil virtuose : en écho à un répertoire fleurissant au XIX^e siècle, le violoncelle énonce un flot continu de notes brèves, qui s’apparente à un mouvement perpétuel. Alors que cette phrase semble se constituer d’une série d’amorces, de tentatives d’éclosion, une grande déclamation lyrique apparaît avec un naturel évident. L’art de Fauré se confirme encore une fois, même au détour d’une courte pièce de genre, entre concision de la thématique, structure formelle inébranlable, harmonie riche et subtile, lyrisme généreux mais toujours élégant.