Trois Poèmes pour chant et piano
Sur une tombe – Ronde – Nocturne
Dans une lettre de mars 1893 à Prosper Renier, Guillaume Lekeu fait part de son émerveillement lors de la création de ses Trois Poèmes pour chant et piano (achevés à la fin de l’année précédente) au Cercle des XX par Angéline Delhaye. Il ajoute : « Note que ces morceaux sont horriblement difficiles, non seulement à nuancer, mais même à chanter juste. Ce qui prouve que j’ai eu la veine de tomber sur une brave et courageuse fille doublée d’une extraordinaire musicienne. » Auteur des textes, Lekeu a néanmoins dédié chacune de ses mélodies à un poète : Sur une tombe à Lamartine ; Ronde à Verlaine ; et Nocturne à Hugo. La forme libre des textes lui permet de s’affranchir des métriques habituelles : ses phrases mélodiques enjambent la coupe de la mesure et embrassent avec souplesse des rythmes aussi bien ternaires que binaires. Ces pièces impressionnent ses contemporains : Ernest Closson consacre ainsi un long article à leur analyse dans Le Guide musical dès le mois d’avril 1895 en y soulignant une parenté du jeune compositeur avec la pensée musicale de Schumann. Closson distingue surtout le Nocturne : « la plus remarquable des trois mélodies, la plus idéale dans la conception ; au lieu d’être sentimentale comme les deux premières, celle-ci est purement lyrique, d’une élévation et d’une noblesse de pensée, d’un souffle poétique et d’une richesse d’inspiration dignes de César Franck. Quoique moins longue, elle laisse une impression plus profonde que quantité d’autres pièces plus étendues. […] C’est un tableau, un paysage, mais un paysage subjectif, vu avec les yeux de l’âme. »
Focus
Permalink
data di pubblicazione : 25/09/23
Effettuare una ricerca