Mélodies
En 1868, le jeune Duparc de vingt ans compose Chanson triste sur des vers de Lahor, probablement la première de ses dix-sept mélodies. Deux ans plus tard, L’Invitation au voyage de Baudelaire lui inspire un chef-d’œuvre. Ses thèmes de prédilection sont déjà là : l’absence, l’aspiration à un ailleurs inaccessible, la mélancolie que suscite une attente jamais comblée, la douleur indissociable du désir, le refuge dans le sommeil ou le rêve. Son langage porte parfois des traces d’influence germanique. Dans Chanson triste, le bercement des arpèges et les irisations harmoniques rappellent Schumann ; Élégie et Extase (1874) doivent leurs enchaînements chromatiques à Wagner. Mais cette fascination pour la musique allemande entre en conflit avec un fervent patriotisme, source d’un déchirement qui expliquerait en partie l’impossibilité d’achever la moindre partition après 1884, date de La Vie antérieure (Duparc a détruit Recueillement, sa troisième mélodie d’après Baudelaire amorcée en 1885). Son style reflète ses obsessions poétiques et ses tensions psychologiques : pédales harmoniques qui entravent la mobilité des autres strates ; répétition de brèves formules dont le rôle est d’unifier la pièce, mais aussi de traduire les idées fixes qui hantent l’angoissé. En 1918, Duparc confie : « Ma vie artistique est finie ; elle est remplacée par une vie tout intérieure qui vaut mieux, et ne laisse de l’autre que le souvenir d’un cher passé déjà lointain : “C’est là que j’ai vécu !...” » Il cite ici La Vie antérieure, sonnet de Baudelaire qu’il avait mis en musique plus de trente ans auparavant.
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La mélodie francese
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data di pubblicazione : 18/10/23
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