Roma de Massenet
En ce qui concerne la première représentation, à l’Opéra, de Roma, je puis me borner à transcrire un nouveau bulletin de victoire à l’adresse de Massenet, car Les Annales se sont déjà beaucoup occupées de cette œuvre lorsqu’elle fut représentée avec un si vif succès, en février dernier, au théâtre de Monte-Carlo. Le public parisien a pleinement confirmé le jugement des premiers auditeurs et l’accueil a été tout aussi brillant. Plusieurs morceaux se sont achevés au bruit d’applaudissements chaleureux, et l’on s’est accordé à trouver que M. Henri Cain avait tiré un excellent parti du drame d’Alexandre Parodi.
Les décors sont parmi les meilleurs que nous ait présentés jusqu’ici l’Opéra. Ils sont très bien conçus, en particulier celui du premier acte, Le Forum, dû à l’ingéniosité perspicace et érudite de M. Simas, et dont l’heureuse disposition et la tonalité générale suggèrent absolument l’impression de la réalité. C’est une véritable évocation. Le Bois Sacré, de MM, Rochette et Landrin (troisième acte), est des plus poétiques, et la reproduction du Sénat, au quatrième acte, où a lieu la scène si pathétique de l’aveu de Fausta à son oncle Fabius, apparaît comme une superbe reconstitution historique.
La touchante Fausta est incarnée par Mme Kousnetzoff dont la voix, d’une ravissante pureté, fait merveille dans ce rôle d’une sensibilité si délicate. Mme Lucy Arbell est une magnifique Posthumia, et on a longuement applaudi Mlle Campredon dans son ingénu et si gracieux récit du second acte.
Quant à M. Delmas, il nous a offert un incomparable Fabius. Il semble impossible de donner à ce Romain d’illustre origine une physionomie plus noble, une plus belle prestance, une attitude empreinte d’une autorité plus ferme, plus digne, mieux soutenue et mieux établie.
Enfin, M. Muratore a chanté avec une mâle vigueur le rôle de Lentulus, et MM. Noté en Gaulois, Journet en Souverain Pontife, ont interprété ces deux personnages, qui se font contraste en leur opposition si tranchée, avec une réelle entente de leurs caractères respectifs, et ils ont fort bien saisi la fonction particulière comme la mission spéciale qui leur sont dévolues dans l’action.
ALBERT DAYROLLES.
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Roma
Jules MASSENET
/Henri CAIN
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date de publication : 18/09/23