Opéra. Roma
Opéra
Roma. – L’œuvre de Massenet comporte des personnages de moindre importance qui n’ont été intercalés que pour les nécessités de l’action. Ce sont : la grande vestale, Galla, Caïus et le vieillard. Nous y voyons MIles Le Senne et Courbières qui tiennent habituellement des emplois de premier rang, ainsi que M. Carrié, dont les intéressants débuts eurent lieu récemment.
Il faut se féliciter de leur concours, car il témoigne du désir de donner une interprétation d’ensemble aussi brillante et aussi parfaite que possible.
En outre de M. Rey, je dois aussi complimenter des artistes modestes qui se sont vouées à des rôles effacés, dont elles ne retirent aucun succès, mais qui n’en existent pas moins ; une grande attention, le souci de la bonne tenue, et surtout une connaissance approfondie du métier musical dans tout ce qui concerne le chant. Ce sont Mmes Hamelin, Sédeville, Dupré, Notick, Doyen, Narçon et Cosset qui personnifient les sept vestales, compagnes de Fausta et de Junia.
Et, puisque je parle des vestales, je ferai ici une réflexion qui concerne leur caractère esthétique. Toutes ces jeunes vierges vêtues de blanc, que nous voyons dans l’atrium du Temple de Vesta, ont l’aspect de vierges chrétiennes. Une seule est païenne, c’est Mme Kousnezoff.
On peut penser que la manière de se draper n’offre pas de sensibles différences à toutes les époques, quand il s’agit simplement de voiles et de simples robes. Si l’on pense ceci, on sera dans l’erreur.
Une femme peut se draper avec le seul souci d’être bien arrangée et de se présenter gracieusement. En ce cas, elle ressemble généralement à une religieuse, ou bien, elle s’enveloppera en manifestant ce sentiment de la pudeur qui naquit avec le christianisme. Au contraire, elle peut se draper en pensant à certaines statues antiques. Alors elle accusera certains signes caractéristiques, soit dans les plis, soit dans la disposition des voiles qui laisseront s’accuser les formes par endroits, soit enfin par les attitudes. Cette impression, Mme Kousnezoff la donne entièrement. Voilà pourquoi elle réalise, esthétiquement parlant, une vierge païenne.
J’ai assisté hier seulement au deuxième et au troisième acte, et j’ai constaté de nouveau le succès qu’obtenait la scène de Junia, le prélude du Bois Sacré, et l’air de Lentulus. Il y eut également de nombreux rappels quand le rideau tomba sur chacun de ces actes. Ils s’adressaient à Mme Kousnezoff, Mlle Campredon, MM. Muratore, Delmas, Journet et Noté ; ce dernier, extraordinairement en voix, clama les rudes phrases de Vestapor.
Je reparlerai de la scène du Sénat, et de Mlle Arbell dont j’ai déjà cité les qualités dramatiques.
L. BORGEX.
Personnes en lien
Œuvres en lien
Roma
Jules MASSENET
/Henri CAIN
Permalien
date de publication : 16/10/23