Théâtre royal italien. Fausto
Théâtre royal italien.
Représentation extraordinaire.
Première représentation de Fausto.
Nous n’entretiendrons pas nos lecteurs du sujet de l’ouvrage ; c’est le même cadre du Faust qu’on représente à la Porte Saint-Martin ; c’est-à-dire toute la partie dramatique et jouable de Goethe. Nous allons donc aborder la partition, qui sans précisément appartenir au premier ordre, nous paraît d’autant plus vigoureuse que nous la devons, dit-on, à une main faible et gracieuse.
Un passage exécuté par des instrument à vent et rempli d’une douce harmonie a, dès l’ouverture, disposé favorablement les auditeurs.
Le premier acte renferme un très beau chœur de génies, chanté dans le fond du théâtre et exécuté avec beaucoup de précision. Dans le même acte on remarque un joli trio qui pourtant aurait pu être mieux chanté par Donzelli, Graziani et Mme Méric-Lalande, et le chœur final des sorciers, où le compositeur s’élève avec assez de bonheur au bizarre et à l’infernal.
Dans les deux autres actes, on a applaudi plusieurs airs, et surtout un duo exécuté par Donzelli et Mme Méric-Lalande dans lequel cette cantatrice a déployé toute sa verve dramatique.
Ce n’est que dans ces deux derniers actes que Donzelli a retrouvé tous ses moyens, car il nous a paru faible au commencement ; peut-être faut-il attribuer la faiblesse de son début à l’embarras que lui causait une barbe qui, mal attachée, aspirait sans cesse à la terre.
Santini s’est acquitté avec talent de son rôle de Méphistophélès et a recueilli de nombreux bravos. Nous n’en dirons pas autant de Bordogni, qui a su réduire à rien un rôle passablement nul. Moins de gosier et plus de poumons, voilà ce qu’il faudrait à ce chanteur : il a cela de commun avec Ponchard, lors le talent dramatique.
Le défaut que nous avons remarqué dans la partition de Fausto, c’est le style un peu décousu des divers airs qui se succèdent et l’uniformité des tons mineurs. Mais ce défaut disparaît en grande partie devant les phrases gracieuses qui distinguent beaucoup de morceaux.
L’auteur a été demandé, mais on est venu annoncer qu’il désirait garder l’anonymat.
Sa Majesté la Reine assistait à la représentation.
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Fausto
Louise BERTIN
/Louise BERTIN
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date de publication : 24/09/23