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Séance annuelle de l'Académie des Beaux-arts

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SEANCE ANNUELLE DE L’ACADEMIE DES BEAUX-ARTS. 

L’Académie des Beaux-Arts a tenu, samedi 3 octobre, sa séance publique annuelle sous la présidence de M. Jouffroy. On sait à quel degré ces solennités sont recherchées du public. Ce n’est pas là, en effet, une simple distribution de prix n’ayant d’attrait que pour les lauréats seulement. Le deuil touchant dont la notice est presque toujours l’expression, le plaisir rare d’entendre quelques œuvres fines, et par-dessus tout l’émotion qui gagne les indifférents, même à la vue de ces jeunes élèves qui, sans souci du péril, s’élancent dans la plus épineuse des carrières, voilà des motifs suffisants pour expliquer comment, à partir de onze heures, les portes de l’Institut étaient littéralement assiégées.

La séance a commencé par une ouverture de M. Guiraud, pensionnaire de Rome. Cette œuvre, un peu confuse, n’a pas produit sur l’auditoire l’effet qu’on pouvait attendre des passages distingués qui s’y trouvent mêlés.

La séance s’est enfin terminée par l’exécution de la cantate couronnée, une des meilleures que l’Académie ait entendue depuis longtemps. Félicitons d’abord le maître du très jeune lauréat, M. Ambroise Thomas, dont la classe obtient, à bon droit, depuis quelques années, tous les prix à l’Institut et au Conservatoire. Le sujet choisi était l’assassinat de Rizzio sous les yeux de Marie Stuart, dont il était le favori. L’auteur des paroles a su faire ressortir cette situation dramatique, et ses intentions ont été la plupart du temps bien comprises par le musicien. M. Massenet possède déjà un heureux instinct scénique, un tour mélodique, une orchestration soignée, qualités très rares chez un compositeur aussi jeune. Nous avons remarqué, dans son introduction, une charmante phrase de hautbois, délicieusement rendue par M. Cras, artiste de l’Opéra. Mme Vandenheuven, MM. Roger et Gourdin ont ensuite chanté la cantate avec les qualités qui distinguent ces excellents artistes. Le motif qui précède l’air de Rizzio est un des passages les mieux réussis de la scène ; la déclamation en est bonne et la coupe amène bien la romance suivante dont la mélodie est heureuse. Le duo entre Marie Stuart et Rizzio commence par une chanson d’un rythme original, qui a produit le plus grand effet. La barcarolle suivante, chantée tour à tour par le soprano et le ténor, est bien écrite, d’un joli caractère, peut-être un peu longue, surtout placée au milieu du duo qui se prolonge encore, et dont la strette chaleureuse ne ressort pas assez. L’air de basse est mélodique et bien écrit ; le trio et le dernier ensemble sont d’un bon sentiment dramatique ; le seul défaut que nous reprochions au compositeur, et dont il doit se méfier à l’avenir, c’est l’abus des redites qui allongent ses morceaux, et qui, par cela même, nuisent à l’effet général. 

M. ESCUDIER.

Personnes en lien

Journaliste, Éditeur

Marie ESCUDIER

(1809 - 1880)

Compositeur

Ernest GUIRAUD

(1837 - 1892)

Compositeur, Pianiste

Jules MASSENET

(1842 - 1912)

Documents et archives

Permalien

https://www.bruzanemediabase.com/node/16419

date de publication : 21/09/23