La Sérénade de Gail et García

Tous nos lecteurs connaissent la Sérénade, petite comédie de Regnard ; dont le dialogue est semé de mots piquans et de bonnes plaisanteries, mais dont le dénouement n’est qu’une mascarade assez ridicule. C’est sur ce fonds, passablement suranné, qu’un musicien, doublement anonyme, puisqu’on ne nous a pas révélé son sexe, a placé une musique légère et spirituelle, dans laquelle, malheureusement, d’impitoyables mémoires signalent quelques réminiscences ; ce qui a fait dire à de mauvais plaisans, dont nous sommes très loin de partager l’opinion, que la partition de la Sérénade faisait autant d’honneur à madame G…i ; que la pièce en faisait à madame G…y. Si nous avons soulevé une partie du voile modeste, sous lequel ces deux dames se sont cachées, c’est que, connues toutes deux, depuis long temps, par leurs talens et par leur esprit, elles en ont donné, ce soir, de nouvelles preuves : l’une, en composant des morceaux de musique fort agréables ; l’autre, en intercalant, avec adresse, quelques vers facilement tournés, dans la prose originale de Regnard. Nous lui conseillerons, cependant, d’abréger beaucoup la scène où Champagne revient ivre. Ce vieux comique n’est plus dans nos mœurs, et a scandalisé quelques personnes, qui ont fait entendre, au milieu de la Sérénade, certains petits instrument discordans. Les bravos les plus vifs ont tout remis d’accord. La pièce est bien jouée par Martin, Ponchard et madame Boulanger ; mais le final a besoin d’être exécuté avec plus d’ensemble.