Audition des envois de Rome
L’audition des envois de Rome a eu lieu dimanche au Conservatoire. Elle était consacrée à des œuvres de M. Paul Hillemacher et de M. V. de la Nux. Du premier, on a exécuté une Suite d’orchestre et des fragments de la Légende de Sainte Geneviève ; du second : des fragments de son opéra de Lucrèce.
La Suite d’orchestre, de M. Hillemacher, comporte trois numéros : prélude, scherzo et finale. Il nous a paru que leur style n’avait généralement pas l’élévation que l’on demande aux morceaux du genre symphonique.
La composition de cette Suite d’orchestre doit être de beaucoup antérieure à celle de Sainte-Geneviève, œuvre où se remarque parfois une ampleur que la symphonie ne nous avait pas fait pressentir.
L’oratorio débute par un chœur. Le peuple se porte au devant de Saint Germain et de saint Loup ; les acclamations, d’abord lointaines, se rapprochent. Les cris de joie éclatent : Hosanna !
Ce début est traité de main de maître. Les sonorités orchestrales et vocales d’abord lointaines, indécises, grandissent peu à peu pour arriver à une explosion d’une véritable puissance. Elle apporte à l’auditeur une de ces émotions sincères qui ne sont possibles que si l’artiste l’a éprouvée lui-même.
Le récitatif et le duo qui suivent nous ont moins satisfait. C’est de la mélopée qui manque par trop de contour mélodique. Que M. Hillemacher se garde d’imiter certaine école malsaine que nos pères ont eu le bonheur de ne pas connaître et qui trop souvent n’a de musical que le nom. Le chœur Hosanna !nous étant une preuve du talent et du goût de son auteur, nous ne voudrions pas voir M. Hillemacher s’engager dans une voie obscure et nuageuse si antipathique à notre tempérament national.
Les fragments de la Lucrèce de M. de la Nux nous font préjuger moins favorablement de l’avenir de ce compositeur. Si nous exceptons le chœur des fileuses qui renferme un joli travail de patience pour les violons, le reste est quelquefois trop près de la banalité. Il est possible aussi que la partie vocale ait été interprétée avec une énergie trop grande pour une salle d’aussi peu d’étendue et d’autant de sonorité. De là sans doute une impression défavorable, mais qui, à une seconde audition, serait peut-être modifiée.
Mlle Marie Battu, M. Dufriche, et en particulier M. Belhomme, ont mérité les applaudissements qui les ont accueillis. Compliments aux chœurs et à l’orchestre, plein de verve et de chaleur, sous l’habile direction de M. Altès, le nouveau chef d’orchestre de l’Académie de musique.
B. Kart.
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date de publication : 21/09/23