Théâtre-Italien. Fausto

Théâtre-Italien. Fausto, opéra en trois actes, musique de Mlle B...

La première femme qui écrivit en France pour le théâtre fut Mme de Laguerre, à laquelle on doit quelques opéras ballets dans la manière de Lully [...].

Voici une œuvre d’autre nature, sortie également d’un cerveau féminin. Dans Fausto, il ne s’agit plus de ces jolies choses qui peuvent plaire à l’oreille sans avoir d’importance dans l’art ; c’est une conception vigoureuse qu’on pourrait attendre d’un homme fortement organisé et l’on sait ce qui doit le plus étonner ou de la hardiesse qui a conduit une jeune personne à former une telle entreprise ou de la force qu’elle a déployée dans son exécution. 

Il est facile de s’apercevoir en écoutant la musique de Fausto que son auteur a plutôt écouté ses propres sensations en la composant que la manière de tel ou tel maître. L’originalité s’y montre dans presque toutes les parties de l’ouvrage ; quelquefois, il est vrai, cette originalité va jusqu’à la bizarrerie, mais c’est un défaut dont on se corrige en acquérant de l’expérience. La partie brillante de cette composition est l’expression dramatique pour laquelle Mlle B... a reçu évidemment d’heureuses disposition de la nature. Une introduction, dans laquelle on remarque un chœur d’un beau caractère religieux, un trio dont la phrase principale est fort belle et fort bien ramenée et un finale où se trouve une scène de sabbat d’un effet très énergique, sont les parties les plus saillantes du premier acte. Dans le second, le public a vivement applaudi un air, deux duos et la première partie d’un quatuor d’une coupe fort originale. Dans le troisième acte, deux belles scènes, et surtout la dernière, ont enlevé tous les suffrages. Dans cette dernière scène, Mme Méric-Lalande a développé le plus grand talent d’expression.

Vivement demandé après la chute du rideau, l’auteur de la musique de Fausto a fait déclarer qu’il désirait garder l’anonyme.