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Lettre de Louis Clapisson et sa femme à leur fils aîné

Date de publication :

© fonds Clapisson-Vanier 

Mon cher petit,

Je suis heureux de m’entretenir quelques instants avec toi, et bien heureux de pouvoir t’écrire que ta bonne conduite nous rend bien joyeux. Les témoignages de satisfaction que tu mérites de tes professeurs prouvent que tu es un bon élève ; sois studieux, bien appliqué à tes devoirs, corrige surtout ce caractère revêche dont on nous a parlé dans le dernier bulletin, car en grandissant il pourrait détruire ton bon naturel, ce serait un grand malheur. Fais ton possible pour mériter l’amitié constante de tes maîtres ; je dois mon talent, et ma position dans le monde, à cette puissante influence, ils étaient fiers de moi, j’étais tout rempli d’admiration et de respect pour leur gloire ! Pour mériter leurs éloges, si le jour ne suffisait pour mes études, je travaillais la nuit. Allons mon cher petit ami, du courage dans les natures organisées, le fond c’est ce qui manque le moins, le travail est tout !

Je me plais à reconnaître quelques progrès pour l’orthographe. Ton écriture serait assez jolie si tu la soignais toujours, mais !..... Quand à ton style, je voudrais plus de clarté, plus d’enchainement dans les idées, il est embrouillé ! Parlons un peu de ton piano, dont tu ne parles jamais. Si j’ai bonne mémoire, tu aimais la musique…. Ce silence a lieu de m’étonner ; un mot sur ce sujet dans ta prochaine lettre. Allons, je te dis adieu, car voilà les reproches qui arrivent, et je ne veux pas que tu puisses regretter de m’avoir prié de t’écrire.

Tibi,

L. Clapisson

Paris, le 25 juin 1849

Je ne veux pas laisser partir la lettre de ton père mon cher amour sans te dire que je t’embrasse bien tendrement. Ton frère et ta tante se portent bien, la menace est partie dieu merci. Nous avons vu M. Tournier qui a eu la bonté de nous apporter ton petit mot. Il nous a fait bien plaisir en nous disant que tu étais bien sage et que tout le monde t’aime à Bourges. Fais ton possible pour continuer c’est le meilleur moyen pour être heureux.

Ta mère affectionnée

Ketty Clapisson

C’est dimanche que tu fais ta première communion, c’est le premier acte sérieux de ta vie. Je regrette bien de ne pas être auprès de toi, mais avec ton frère ce n’est pas possible à présent surtout qu’il est sevré. Prie Dieu pour nous. Je le prierai pour toi et écris nous bientôt. Encore mille baisers.

[Notes : Le fils aîné de Louis Clapisson est Léon Clapisson (1836-1894), qui a fait fortune dans la finance et qui est surtout connu comme l'un des principaux collectionneurs des peintres impressionnistes. Renoir a notamment peint deux portraits de son épouse Valentine. La femme de Louis Clapisson, Catherine Bréard dite Ketty (1816-1892), est la petite-fille du conventionnel régicide, Jean-Jacques Bréard, qui fut membre du Comité de Salut Public et président de l'Assemblée nationale.]

Personnes en lien

Compositeur

Louis CLAPISSON

(1808 - 1866)

Permalien

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date de publication : 12/10/23