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Semaine théâtrale. Audition des envois de Rome

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SEMAINE THÉÂTRALE

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Audition des envois de Rome

A 8 heures ½, M. Ambroise Thomas recevait, dans la loge officielle M. le sous-secrétaire d’État Turquet, assisté de M. Des Chapelles, chef du bureau des théâtres, les membres d’ l’Institut de la section musicale, MM. Jules Thomas, président, et Delaborde, secrétaire perpétuel de l’Académie des Beaux-Arts. Dans la salle nombre de notoriétés artistiques.

Sur la scène de la rue Bergère, l’orchestre de l’Opéra dirigé par M. Altès ; à gauche les élèves femmes du Conservatoire, en grande toilette, formaient la phalange chorale du beau sexe ; à droite, les habits noirs, représentant ténors, barytons et basses toutes et tous élèves de la classe d’ensemble de M. Jules Cohen.

La séance s’est ouverte sur des fragments de Sabinus, poëme symphonique de M. Ed. Guinand, musique de M. Samuel Rousseau, grand prix de 1878.

L’ouverture et la marche funèbre ont produit quelque effet, malgré l’inexpérience du jeune auteur à manier les instruments dits de l’harmonie. Il se sert des instruments à cordes avec infiniment plus de maestria.

Le finale avec chœur et ensemble de la seconde partie de Sabinus a témoigné d’un tempérament dramatique, qui ne peut manquer de se développer au contact de la scène. M. Rousseau promet un compositeur à nos scènes lyriques.

Les fragments de la Poësie sacrée dont s’est inspiré M. André Wormser, tiennent du genre de l’oratorio. Aussi le jeune compositeur a-t-il placé au début de son œuvre une fugue très bien conduite et qui montrerait une fois de plus, s’il en était besoin, combien les études à notre Conservatoire de musique sont sérieuses et solides.

On a remarqué dans la partition de M. Wormser plusieurs morceaux d’une facture excellente qui trahissent déjà la main d’un musicien fort habile. C’est que M. Wormser, lauréat de 1875 , a terminé son stage à la villa Médicis et nous arrive tout prêt à entrer dans la carrière militante.

Si nous en jugeons par les fragments de l’œuvre qu’il vient de nous soumettre, il est permis d’augurer très heureusement de son avenir. M. Wormser, tout en connaissant le métier et en sachant faire usage de toutes les ressources de l’harmonie, possède en effet des qualités mélodiques incontestables.

M. Lamarche, M. Dethurens, Mlle Fincken se sont fait applaudir dans les soli de l’oratorio de M. Wormser. M. Vernouillet, paralysé par l’émotion, a été moins heureux que ses camarades.

On a aussi fait bon accueil à un petit divertissement instrumental, qu’on a même failli bisser, malgré la raideur déplacée avec laquelle le public écoute en général les auditions des envois de Rome. Faudrait-il donc lui servir des Meyerbeer et des Rossini tout venus ? Il ne faut pas oublier que ces deux grands maîtres ont modestement débuté dans la carrière avant d’en avoir été l’honneur […].

H. Moreno

Personnes en lien

Journaliste, Éditeur

Henri HEUGEL

(1844 - 1916)

Chef d'orchestre, Compositeur

Samuel ROUSSEAU

(1853 - 1904)

Compositeur

André WORMSER

(1851 - 1926)

Permalien

https://www.bruzanemediabase.com/node/699

date de publication : 16/10/23