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Audition des envois de Rome

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C’est en l’honneur de MM. Clément Broutin et Samuel Rousseau, tous deux grand prix de Rome en 1878, que s’ouvraient jeudi dernier les portes de la salle de la rue Bergère, et pour juger du mérite de leurs envois, que s’étaient donné rendez-vous au Conservatoire les sommités de la critique et du monde musical. M. Broutin faisait exécuter, le premier, un drame biblique, le Sinaï, composé sur des paroles de M. Ed. Guinand. L’œuvre, quoique ne comprenant que cinq numéros, est assez importante par le développement que leur a donné l’auteur. Le Prélude est d’un beau caractère, d’une habile facture et souvent d’une conception puissante. L’orchestration, traitée à la façon de Wagner, dénote une extrême habileté de main et une connaissance déjà complète des effets de sonorité. Nous aimons moins le chœur qui suit, dont l’ensemble ne présente aucune particularité notable, mais il faut signaler le duo qui a été chanté avec beaucoup de talent et une ardente conviction par Mlle Mézeray et M. Jourdain et dans lequel se trouve une saisissante phrase de ténor, dont M. Broutin a tiré parti d’une heureuse façon dans la suite du morceau. Nous citerons encore la scène finale qui est, à notre avis, la partie capitale de l’œuvre.

Cette scène chantée par Mlle Mézeray, MM. Jourdain, Lorrain et les chœurs, présente de grandes difficultés d’exécution et, malgré le talent de ses interprètes, n’a pas été rendue avec la perfection désirable, faute probablement d’un nombre suffisant de répétition. Le titre seul de l’envoi de M. Rousseau, intitulé Kaddir, faisait prévoir ce que serait l’œuvre, car il est à l’âge où l’on n’a pu encore se soustraire à l’influence du maître qui a donné dans un genre caractéristique une note particulière : nous avons nommé Félicien David. M. Rousseau n’est pourtant pas un musicien banal et il serait injuste de ne pas reconnaître que le Kaddir renferme des parties agréables. Nous avons notamment remarqué, et le public avec nous une scène et ballade qu’ont bien chantées MM. Laurent et Auguez, un chœur originalement accompagné par un dessin de cinq notes dont la persistance est d’un heureux effet et qui a produit une charmante impression, puis des couplets dont la belle voix de Mme Montalba a tiré tout le parti possible. L’exécution générale de Kaddir a été plus satisfaisante que celle du Sinaï ; la plupart des morceaux ont été rendus de façon à faire honneur à l’orchestre et aux chœurs de la classe Cohen, placés sous l’habile direction de M. Altès.

V.D.

Personnes en lien

Chef d'orchestre, Compositeur

Samuel ROUSSEAU

(1853 - 1904)

Compositeur

Clément BROUTIN

(1851 - 1889)

Permalien

https://www.bruzanemediabase.com/node/700

date de publication : 16/10/23