Théâtre-Italien. Fausto
Théâtre-Italien. Au bénéfice de Donzelli. Fausto, opera seria en quatre actes de ***.
Il n’y a si petit ouvrage qui n’ait son mérite. C’est déjà chose difficile et heureuse que la partition d’un opéra en un acte ; le succès d’une telle œuvre a suffi quelquefois pour défrayer pendant longtemps la réputation d’un compositeur ; à plus forte raison s’il s’agit de deux actes. S’il est question de trois, l’intérêt et l’estime s’en augmentent ; et assurément on doit non seulement des égards, mais des éloges au compositeur qui peut faire paraître devant le public quatre actes encombrés de musique, qui ne sont soutenus par aucun des prestiges ordinaires du théâtre. Ce sont, si on veut, des éloges relatifs ; mais, encore une fois, le succès qui vient couronner une telle entreprise mérite plus que des égards.
En considérant sous ce point de vue de Justice et de convenances l’apparition de Fausto, hier au Théâtre-Italien notre tâche sera aussi plus facile et plus douce. Sans doute, il ne faudrait pas s’armer de trop de rigueur et e trop de goût pour remarquer les imperfections de cet ouvrage, surtout sous e rapport de l’effet musical ; mais comme par sa nature et son exécution, il ne semble pas voué à de longues destinées, il serait injuste et ridicule de relever ces défectuosités, en définitive, indifférentes.
Le sujet de cet opéra est celui que tout le monde connaît, l’œuvre incompréhensible de Goethe, que plusieurs de nos théâtres ont déjà arrangée en drames, et sur lequel Rossini, dit-on, ne veut pas mourir sans avoir exercé son génie. Toute la partie de doctrines du docteur et du sorcier a été retranchée et aucun épisode nouveau n’a été ajouté. Le poème a été assez bien disposé pour la musique par les contrastes qui y ont été ménagés et par la distribution variée des morceaux. Il y a çà et là, dans la partition, des phrases heureuses. Un trio, au premier acte, Vezzosa giovinettaz, le duo de Catherine et Méphistophélès, Vi saluto, madama et le quatuor qui termine le second acte, le chœur des femmes au troisième et quelques passages du duo final ont été fortement applaudis. L’exécution a été en général faible, négligée et malheureusement troublée par quelques incidents malencontreux. L’auteur a été demandé. Trévaux est venu annoncer que le compositeur voulait garder l’anonyme. C’est, dit-on, l’ouvrage d’une jeune personne qui avait déjà donné, il y a deux ans, à Feydeau, un opéra-comique intitulé Le Loup-Garou. Nous respecterons le mystère dont elle s’est entourée, en la félicitant de nouveau d’un succès assuré autant par la justice que par l’amitié.
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Louise BERTIN
/Louise BERTIN
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date de publication : 23/09/23