Rapport sur les envois de Rome
Rapport
de l’Académie des Beaux-Arts sur les envois de Rome
de l’année 1879.
Composition musicale.
M. Gaston Serpette (1er grand prix de 1871).
M. Gaston Serpette avait, jusqu’à ce jour, négligé de remplir toutes ses obligations réglementaires. L’ouvrage que, après un retard de trois années, il soumet à l’examen de l’Académie, et que l’Académie veut bien considérer comme dernier envoi, est un opéra comique en un acte, intitulé Koby, dont la partition complète est instrumentée.
On doit tenir compte à M. Serpette des efforts qu’il a tentés pour se dégager des habitudes contractées par lui dans ses essais d’opérettes ; malheureusement, le style, dans son opéra comique, est resté petit, les formes des accompagnements y sont souvent vulgaires, et l’instrumentation ne se distingue par aucun accouplement de timbres intéressant.
Ces réserves faites, il est juste de signaler dans l’envoi de M. Serpette, des couplets d’un tour mélodique facile et, après un duo qui serait expressif s’il n’était quelquefois un peu maniéré, un quatuor, le meilleur morceau de l’ouvrage. L’agencement des voix y est ingénieux.
M. Wormser (3e année).
M. Wormser a envoyé le premier acte d’un opéra qui n’a pas paru à l’Académie donner ce qu’elle était en droit d’attendre de son talent. L’envoi fait par ce pensionnaire l’année dernière – Diane et Endymion – était bien préférable, et une Suite d’orchestre qu’il y avait jointe ne manquait certainement pas de mérite. Plusieurs morceaux de cet ouvrage furent accueillis avec une juste faveur dans la séance consacrée à l’exécution des envois de Rome au Conservatoire, et l’Académie se rappelle notamment l’approbation qu’elle donna à un scherzo en sol, dans un rythme de danse.
M. Véronge de la Nux (2e année).
Il y a de sérieuses qualités dans l’envoi de M. Véronge de la Nux, le 3e acte d’un grand opéra intitulé Lucrèce. Un premier chœur, à quatre voix de femmes, est d’un sentiment intime et recueilli, d’une instrumentation poétique et d’une élégance dans la forme qui ressort du dessin persistant des violons. Comme ce chœur de fileuses, l’invocation de Lucrèce se distingue par la grâce des intentions et ne manque pas d’une certaine couleur antique. En général, la prosodie est observée par M. de la Nux avec soin et, dans le récit de Sextus, l’accent est remarquablement énergique.
L’Académie regrette d’avoir à ajouter à ces éloges les critiques que justifie un grand duo lourdement instrumenté et dans lequel règne un abus excessif des modulations. Elle doit aussi rappeler à M. de la Nux que s’il est heureux pour un compositeur de posséder un talent de pianiste, c’est à la condition pour lui de ne point adapter les formes musicales et les sonorités du piano aux dessins de l’instrumentation : sans quoi de graves mécomptes lui seront réservés le jour de la lecture à l’orchestre, ou bien il se croira le droit d’accuser ses interprètes, alors que tout le mal viendra de lui et de l’erreur qu’il aura commise en employant ce qu’on pourrait appeler l’orchestration du pianiste.
M. Hillemacher (2e année).
L’envoi de M. Hillemacher consiste dans une Suite de trois morceaux d’orchestre.
Le no 1, intitulé prélude, est fort habilement instrumenté et contient une phrase en mi bémol d’un contour très séduisant. Peut-être le scherzo paraîtra-t-il un peu écourté, malgré les efforts tentés par le jeune compositeur dans le sens d’un développement symphonique. En tout cas, c’est là une légère imperfection que rachète amplement un finale très ingénieusement traité. L’Académie félicite M. Hillemacher d’avoir écrit cette Suite d’orchestre à laquelle elle donne son entière approbation.
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date de publication : 21/10/23