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Entre ombre et lumière : la pension romaine de Debussy (1885-1887)

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La sensibilité artistique du jeune Claude Debussy, cette passion immodérée pour la littérature et les beaux-arts qui l’amenait volontiers à subordonner les nécessités matérielles de la vie aux jouissances de l’esprit, le prédisposait certainement à apprécier l’ambiance de la Villa Médicis. Cette sorte de phalanstère dédié aux arts par l’État et dirigé par l’Académie des beaux-arts, accueillait en plein coeur de Rome l’élite de la jeunesse française. Peintres, sculpteurs, architectes, compositeurs et graveurs, tous lauréats des grands prix de Rome de l’École des beaux-arts et du Conservatoire, s’y trouvaient ainsi réunis afin de partager l’expérience de leurs années de formation. Cette existence en commun, favorable à l’émulation intellectuelle, amenait non seulement les pensionnaires à créer de forts liens d’amitié, mais encore à échanger pensées et théories en matière d’art en se confrontant ensemble aux grands exemples du passé. De cette « collaboration entre les diverses branches de l’art où les intelligences [sont] comme liées en faisceau » pouvait naître un dialogue artistique, se construire un style, voire une école, comme ce fut le cas dans les années 1870 avec Henri Regnault, Joseph Blanc et Luc-Olivier Merson, ou encore dans les années 1920 autour de la figure du peintre Jean Dupas. Ce n’est cependant pas sous ces heureux auspices que devait se dérouler la pension romaine de Debussy, tant s’en faut, car il ne serait pas exagéré ici de parler d’exil pour celui qui, à Rome, ne songeait qu’à retrouver Paris : « Je veux voir du Manet ! et entendre de l’Offenbach ! »

Article tiré du livre-disque Claude Debussy et le prix de Rome (Glossa, 2009).

Personnes en lien

Compositeur, Pianiste

Claude DEBUSSY

(1862 - 1918)

Permalien

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date de publication : 13/09/23