Le Chemineau

Dix ans après sa création au théâtre de l’Odéon, le drame de Richepin fait l’objet d’une adaptation pour la scène lyrique. L’auteur remanie lui-même son ouvrage dont il soigne la musicalité de chaque vers. L’histoire est celle d’un chemineau qui, après un été de moissons où il envisagea de fixer sa vie auprès de Toinette, retrouve son unique passion : la grande route. Vingt ans s’écoulent et Toinette a épousé François, vieil homme souffrant d’infirmité. Leur fils Toinet aime Aline, fille de maître Pierre qui refuse de donner son enfant à un fermier et révèle à François le secret du passé. De retour au village, le chemineau apprend des paysans que Toinet est son propre fils. Il décide alors de rejoindre le foyer de Toinette pour réparer le mal causé. Le chemineau obtient de maître Pierre le consentement au mariage de leurs enfants et veille tendrement les dernières heures de François, avant de reprendre la route qui l’appelle. De cette épopée paysanne jaillit une noble poésie, propice à l’écriture musicale de Leroux. Capable de brosser finement des atmosphères variées, le compositeur signe une partition souple et hautement théâtrale. L’écriture vocale s’y trouve généreuse et l’orchestration ample. Les préludes symphoniques rythmés, la scène pathétique de François et maître Pierre, la tendre chanson rustique du chemineau rencontrant son fils, ou encore l’ultime péroraison, sont autant de pages réussies et confirmant la science musicale de Leroux. Créé le 6 novembre 1907 à la troisième salle Favart, Le Chemineau demeure au répertoire de l’Opéra-Comique jusqu’en 1922 avant d’être repris en 1936 dans une version remaniée en cinq actes.