Guitare
Pour remercier Julien Hamelle d’avoir bien voulu publier son Allegro appassionato pour orchestre, op. 27, en 1885, Lalo lui fit don de la pièce intitulée Guitare. Il s’agissait aussi pour lui de renouer le dialogue avec son éditeur, après une période de cinq années de refroidissement de leurs relations : « Je m’engage à écrire et à vous offrir gratuitement le plus tôt possible un petit morceau pour violon […] pour vous prouver mon désir de renouer des relations interrompues contre mon gré », lui écrivit-il le 1er juin 1880. Durant l’été suivant, Lalo composa donc ce morceau à la coloration ibérique, et stylisant la sonorité de la guitare. Il le dédia à son créateur, Martin Marsick. Après une introduction en accords pizzicatos, allusion évidente à l’instrument à six cordes, un thème s’élève au violon solo. Son ton plaintif semble contredire le rythme dansant qui l’accompagne. C’est dans cette ambivalence notamment que réside l’intérêt de cette pièce, colorée mais finalement peu virtuose, dansante mais à l’atmosphère douce-amère. Lalo y réclame d’ailleurs un « violon avec sourdine », probablement pour dissuader le soliste d’adopter une sonorité trop éclatante. Après une section plus apaisée et le retour des accords pizzicatos, le thème plaintif est de nouveau énoncé, mais cette fois une octave en-dessous, comme un chant rauque. Le soliste retourne finalement dans l’aigu, mais conclut sur la pointe des pieds. Lalo entreprit plus tard une orchestration de Guitare, complétée après sa mort par Gabriel Pierné, qui la dirigea le 10 avril 1920 à la tête de l’orchestre Colonne. On y remarque la présence d’un tambourin, qui rend plus explicite encore l’atmosphère hispanique.
Permalien
date de publication : 25/09/23
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