Quatuor à cordes n^o 2 en la majeur

Violoniste virtuose et quartettiste, professeur de la classe d’ensemble instrumental du Conservatoire de Paris, Benjamin Godard laisse avec son Deuxième Quatuor en la majeur une œuvre magistralement maîtrisée. D’après Alfred Bruneau, Godard « se faisait une manière de point d’honneur d’ignorer complètement Wagner et il se vantait à chaque instant de n’avoir jamais ouvert une des partitions du souverain maître contemporain ». Il n’est donc pas étonnant que son deuxième quatuor ait été créé en février 1878 par un ensemble emmené par l'archet d’Eugène Ysaÿe à la Société nationale de musique, dont la devise « Ars gallica » traduit l’ambition de donner un nouveau souffle à la musique instrumentale française après la défaite de 1870. Ce quatuor s’inscrit dans une veine toute romantique. L’œuvre s’ouvre ainsi sur un thème pastoral auquel Godard oppose un second thème d’une grande suavité chanté par l’alto et le premier violon. De même, si le mouvement lent débute par une écriture en unissons donnant à entendre un étrange choral au caractère archaïque, il évoque par la suite les sextuors de Brahms dans la plénitude sonore des retours harmonisés et variés du thème. Après un bref et malicieux Scherzo, Godard propose un court Vivace ma non troppo, puis conclut son œuvre avec un magistral Allegro molto dont l’écriture tourbillonnante et l’emploi des pizzicati rappellent l’ouverture du Songe d’une nuit d’été ou certaines pages des quatuors de Mendelssohn.