Sémiramis

Créée au Théâtre de la République et des Arts le 15 floréal an x (4 mai 1802), Sémiramis est le premier ouvrage lyrique de Charles-Simon Catel. Le livret de Philippe Desriaux emprunte à la tragédie homonyme de Voltaire (1748), témoignant ainsi du goût typique de l’époque pour un retour aux sources classiques, mais il s’en éloigne par la présence du merveilleux et la recherche d’exotisme. En effet, en choisissant de placer son intrigue en Orient, l’auteur participe de la rupture avec une tradition privilégiant jusqu’alors les sujets gréco-romains, comme l’avaient fait Les Mystères d’Isis l’année précédente ou Nephté de Lemoyne quelques années auparavant. Au lendemain de la première représentation, ces écarts à la norme font l’objet d’âpres critiques. Si la presse salue le choix d’un sujet tout à fait approprié à une adaptation lyrique (un grand nombre de personnages, des soldats, des prêtres et même une ombre parlante), elle accuse le librettiste d’avoir dénaturé le texte de Voltaire et d’avoir produit un « ouvrage mutilé » et « sans intérêt » (Le Censeur du théâtre). La musique n’est pas non plus épargnée : plusieurs comptes rendus déplorent une « couleur trop uniforme » ainsi que « des prétentions aux grands effets d’harmonie » (Observateur des spectacles), et des « masses d’harmonie bruyante, intercalées par des petites phrases décousues qui ne satisfont ni l’oreille ni l’esprit » (Les Tablettes de Polymnie). Ces accusations contre une attitude trop savante de la part d’un compositeur s’inscrivent pleinement dans les polémiques qui agitent défenseurs et détracteurs du nouveau Conservatoire où Catel – professeur d’harmonie et proche du directeur Sarrette – est alors l’ennemi à abattre pour les partisans de Le Sueur, récemment renvoyé.