Théâtres. Opéra-Comique. La Princesse jaune

THÉÂTRES
OPÉRA-COMIQUE : La Princesse Jaune, de MM. Gallet et Saint-Saëns.

On chante dans les ateliers une scie mémorable dont le refrain est :

Et si ma chanson vous ennuie
Nous allons la recommencer.

On dirait que l’Opéra-Comique ait voulu mettre en œuvre cette plaisanterie :

Après Djamileh, hélas !
Après la Princesse Jaune, holà !

M. Saint-Saëns comme M. Bizet appartient à l’école des rêveurs, des panharmonistes. Mêmes brouillards, même absence d’idées, même sonorité vide.

Il ne se doute même pas de ce que c’est que de la musique dramatique.

Mâtinée de Schuman et de Wagner, sa partition est le néant prétentieux.

Il sait probablement son métier puisqu’il l’a appris. Et après ?

Suffit-il d’avoir été fort en thème pour s’établir auteur dramatique ?

Heureusement le public ne sera pas complice de ces tentatives déplorables. Il est de glace en attendant qu’il siffle si on continue à l’agacer ainsi. Et non seulement il sera dans son droit de légitime défense, mais en même temps que ses oreilles il défendra l’avenir même de notre école musicale.

Tous ces prétendus jeunes qui ont déjà l’impuissance de la vieillesse ne sont pas qu’ennuyeux, ils menacent de devenir contagieux.

Il ne faut pas les laisser faire.

Je n’ai pas parlé du livret.

C’est Pygmalion japonais.

Un docteur allemand s’est épris d’une image japonaise et... vous ne tenez pas à savoir le reste, vous avez raison.

L’opéra-comique en produisant successivement MM. Paladilhe, Bizet et Saint-Sëns [sic] a fait acte de bon vouloir.

Il a mis le public à même de se prononcer sur les tendances de toute une secte musicale.

C’était son droit et peut-être son devoir. Mais maintenant que la chose est faite et que la condamnation est définitive et réitérée, que le théâtre, qui est une de nos gloires, revienne bien vite aux traditions des Hérold, des Auber, des Boïeldieu, des Adam, des Grisar.

Assez d’expériences. Le public ne peut servir éternellement de sujet comme ces pauvres animaux qu’on écorche tout vifs.

Paul Girard.