À l'Opéra de Monte-Carlo. Roma

À L’OPÉRA DE MONTE-CARLO
« Roma »
Opéra-tragique en cinq actes, de M. Massenet

Le poème musical de Roma fut tiré, par M. Henri Cain, de Rome Vaincue, la belle tragédie d’Alexandre Parodi, qui, jadis, remporta un immense succès à la Comédie-Française.

Rome, vaincue par Hannibal, ne peut espérer se relever de sa défaite que si l’on châtie la vestale qui, abandonnant le culte de Vesta pour celui de Vénus, a déchaîné contre sa patrie la colère des Dieux. Bien que cette vestale appartienne à la plus noble, à la plus ancienne famille patricienne, sa mort seule rendra la victoire à la cité. La recherche de la coupable, les déchirements de son aveu qui déshonore la plus noble maison Romaine, sa mort, en dépit de la douleur et des luttes de son amant, font la trame, serrée, et fort émouvante de ce beau poème. Une fois la vestale morte, la Victoire revient aux légions ; et Rome est sauvée par le volontaire et fatal holocauste de la vestale parjure.

Un grand souffle d’héroïsme, une intense émotion font la beauté de cette œuvre, débordante de lyrisme, et qui comptera parmi les plus nobles et les plus grandes créations de l’illustre musicien qui est la gloire du Théâtre Musical français.

C’est un nouveau triomphe pour le maître de Manon et de Werther.

L’interprétation fut parfaite et éclatante, avec Mme Kousnezoff, cantatrice de voix superbe ; Mlle Lucy Arbell, magnifique tragédienne lyrique ; Mme Julia Guiraudon, voix idéalement pure ; M. Muratore, ténor puissant, au jeu passionné ; M. Delmas, d’une superbe grandeur ; M. Noté, baryton sonore, acteur emporté ; M. Clauzure, grand prêtre d’une souveraine ampleur.

Les décors, de M. Visconti, sont beaux, comme tout ce qu’il brosse, en artiste prestigieux.

L’exécution chorale et orchestrale fut parfaite, et vivante, sous la baguette de M. Léon Jehin.

J. DARTHENAY.