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Répétition générale de Roma

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THÉÂTRE NATIONAL DE L’OPÉRA
Répétition générale de « ROMA »

Je n’ai pas à devancer, aujourd’hui, les comptes rendus de critiques qui doivent être faits au sujet de l’apparition de Roma, à l’Opéra. Je me bornerai à donner simplement une impression générale de la soirée.

Vous savez ce qu’est le public d’une répétition générale. Hier, ce public était très sensiblement augmenté et rarement on vit salle aussi comble. Il y a dans cet empressement à assister à cette première audition de la nouvelle œuvre du maître Massenet plus que de la curiosité. Il y a de la déférence pour ce prodigieux travailleur qui a captivité [sic] les foules depuis de longues années, et qui n’hésite pas à se hausser jusqu’à l’âpre tragédie antique, après une carrière déjà longue, ne voulant plus seulement charmer mais émouvoir et angoisser.

Je dois de suite, cependant, signaler le luxe et le soin extraordinaires que la direction de l’Opéra a déployés pour bien présenter Roma. Les décors sont en tous points remarquables.

Dans un encadrement fixe, d’un style très pur, sur lequel est écrit le mot Roma, les tableaux défilent les uns après les autres ; tableaux très colorés, pleins de vie et de soleil avec le Forum où grouille une foule anxieuse qui apprend la défaite de Rome et la profanation de l’autel de Vesta. Les tonalités délicates arrivent avec le second acte où l’on voit le temple de Vesta.

Puis, voici le merveilleux « Bois Sacré » qui semble être brossé par Puvis de Chavannes, un Puvis qui aurait voulu, pour une fois, animer et préciser davantage une de ses plus belles fresques.

Ce tableau est si beau, que l’introduction se joue le rideau levé, et pendant toute sa durée, la scène est simplement occupée quelques minutes par une théorie de blanches vestales qui arrivent par le bois, et rentrent dans le temple.

Brusquement, nous passons à la sévérité classique du Sénat. Décor très impressionnant, où l’on voit plus de cent cinquante sénateurs, tout de blanc habillés, et rangés en cercle sur les gradins, en face du pontife qui trône seul au pied de la statue de bronze.

Enfin, avec le « Champ scélérat », c’est un paysage tragique sur lequel le jour se lève peu à peu, pendant que la vestale coupable attend la mort avec résignation.

Je le répète, tout ceci produit un admirable effet, c’est à la fois une reconstitution précise et on ne peut plus artistique.

Je parlerai demain comme il convient, de l’interprétation. Je dirai seulement aujourd’hui que Mme Kousnezoff et M. Muratore furent très applaudis au troisième acte dans l’air et le duo entre Lentulus et Fausta.

Mlle Lucy Arbell ne le fut pas moins dans sa grande scène tragique du quatrième acte, il y eut dû reste quatre rappels après cet acte où M. Delmas déclama superbement l’anathème de Fabius. J’ajouterai encore que l’interprétation se complète parfaitement avec Mlle Campredon qui eut, elle aussi, son succès après sa scène du second acte ; MM. Noté, gaulois rude et énergique ; Journet, pontife solennel et sonore ; Mlles Courbières et Le Senne. J’en oublie peut-être. Hélas ! il est bien tard, mais je me rattraperai demain et je termine par M. Paul Vidal qui, à la tête de l’orchestre, manifesta une fois de plus sa maîtrise.

L. BORGEX.

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