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Revue musicale. La Fille de Madame Angot

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REVUE MUSICALE
Folies-Dramatiques : La Fille de Mme Angot, opéra comique en trois actes, de MM. Clairville, Siraudin et Koning, musique de M. Ch. Lecocq. […]

Pendant le court séjour que je viens de faire à Bruxelles, j’entendais chanter de toutes parts un de ces refrains de franche allure qui s’imposent à la mémoire. L’impatience et la curiosité me prirent et je demandai à un de mes confrères belges quel était cet air à la mode. Vous peindre sa stupéfaction serait chose difficile : « Mais c’est le chœur des conspirateurs de la Fille Angot. Comment ! vous ne connaissez pas cela ? — Pas du tout. » J’avais l’air de revenir tout droit de l’autre monde.

Dès mon retour à Paris, j’ai couru entendre cette Fille de Madame Angot, qui vient d’être jouée à Bruxelles trois mois durant. Je ne vous raconterai pas la pièce : vous savez déjà que Clairette, la propre fille de la légendaire Mme Angot, est, sous son air doucereux, une péronnelle fort délurée, très-volage de cœur, au demeurant la plus honnête fille du monde ; qu’elle se prend de bec en plein bal avec Mlle Lange, et épouse à la fin un brave garçon qu’elle mènera par le bout du nez. Cette pièce, vive et légère, est, sans jamais tomber dans la charge, un tableau amusant des mœurs, des coutumes, des ridicules du Directoire. Incroyables, conspirateurs en collet noir et perruque blonde, merveilleuses habillées à la grecque, Mlle Lange, la belle chanteuse de Feydeau, favorite de Barras, Ange Pitou, le chansonnier populaire, autant de figures curieuses qui donnent à cette petite pièce une couleur historique très-attrayante.

La musique de M. Lecocq est gracieuse, mais cette partition ne vaut pas, à mon sens, celle plus originale de Fleur de Thé. Sa mélodie, sans être très-distinguée, n’est jamais grossière, et son orchestre est légèrement mais habilement traité : c’est, en somme, une œuvre agréable. Mlle Paola Marié fait une charmante Clairette ; la voix est jolie, mais elle chante trop souvent du bout des lèvres ; Mlle Desclozas tient à ravir le rôle de Mlle Lauge qu’elle a créé à Bruxelles. Les hommes, en retour, sont bien médiocres. Le grand succès de cette pièce sur une scène où l’insanité faisait naguère florès est d’un bon augure et j’y applaudis volontiers.

Ad. Jullien

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Journalist

Adolphe JULLIEN

(1845 - 1932)

Composer

Charles LECOCQ

(1832 - 1918)

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