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Théâtre-Italien. Fausto

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THÉÂTRE ITALIEN.
Première représentation de Fausto, opéra en trois actes.

Les parterres de la Scala et de San Carlo jugent mal quelquefois le mérite d’un ouvrage à la première vue, mais du moins ils jugent toujours sous l’impression naïve du moment. Le parterre du Théâtre-Italien de Paris, au contraire, dans sa vaniteuse ignorance, n’ose se prononcer du premier coup, et accueille toutes les partitions nouvelles avec une froideur qui n’a d’autre cause que son irrésolution, et cette crainte continuelle de te compromettre qui le préoccupe avant tout. Témoin la chute du Barbier de Séville, de la Cenerentolade la Dona del lago, de la Gazza ladra, de la Semiramide, et parmi ces opéras de Rossini, plusieurs n’ont été goûtés qu’à la longue, et lorsqu’ils ont été exécutés par des chanteurs en grande faveur auprès de lui. Si l’immense réputation de Rossini ne le préserve pas de pareilles disgrâces, quel courage ne faut-il pas pour affronter, inconnu, un public si difficile. Aussi pourrions-nous citer tel compositeur, non seulement du plus grand talent, mais encore de la plus grande réputation, qui a toujours refusé d’écrire pour le Théâtre-Italien. Il faut le reconnaître cependant, est-ce à la louange du public ou du jeune compositeur ? L’opéra de Fausto a eu beaucoup plus de succès que ne pouvaient s’y attendre ceux qui savaient que l’auteur n’avait point recherché un de ces triomphes faciles et éphémères qu’obtiennent tous les jours les imitateurs de la manière à la mode, et que les dilettanti refusent aux musiciens consciencieux et ennemis de tout charlatanisme. 

La musique de Fausto, sans manquer pour cela d’originalité, rappelle dans son coloris et dans certains procédés de contrepoint celles de Mozart, de Weber et de l’abbé Clari. L’introduction a du caractère, l’air de Fausto, interrompu par le chœur religieux, produit un de ces effets qui manquent trop souvent à la scène italienne. Le trio renferme une cantilène charmante, mais le morceau du premier acte que je préfère c’est sans contredit le sabbat qui sert de finale, et dans ce finale l’andante Qual sovra humana possa, interrompu par les exclamations du chœur infernal. 

Au second acte, le duo de la rencontre, Signora amabile, est ravissant de naïveté. Le duettino buffo entre Santini et madame Rossi rappelle les madrigaux du quinzième siècle. Le comique eu est assez fin pour faire regretter que le jeune auteur n’ait pas cru devoir traiter avec le même esprit sa scène des buveurs. C’eût été d’autant plus à désirer que sa partition manque un peu de contrastes. Le trio du duel est remarquable par son énergie et par la couleur vraiment infernale de la phrase O trionfo

Madame Lalande et Donzelli ont chanté avec verve le dernier finale, qui avait déjà été gravé, et dont on avait pu apprécier l’harmonie et l’expression dramatique.

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Composer

Louise BERTIN

(1805 - 1877)

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