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Chronique musicale. Fausto

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Chronique musicale.
Théâtre-Italien. Fausto.

La saison de notre Théâtre-Italien finissait avec le mois de mars. Le directeur de cette entreprise accorde aux amateurs une prolongation d’un mois ; la clôture n’aura lieu que dans les premiers jours de mai.

Mme Méric-Lalande et Santini sont appelés à Londres. Donzelli va remplir un engagement à Livourne. Le départ de ces trois virtuoses arrête les représentations de Fausto ; les belles choses que renferme cet opéra ont été appréciées par les connaisseurs. Le public qui affectionne plus particulièrement la musique ornée de traits agiles et de roulades brillantes a fait toutes les concessions que la bizarrerie du sujet et la vérité dramatique réclamaient. Fausto a complètement réussi, bien qu’il fût privé du moyen de succès le plus certain. L’entreprise était hardie : il est rare de voir un auteur prendre, à son début, une route opposée à celle que l’on suit généralement. Il est fâcheux que le succès de Fausto soit interrompu de cette manière et que les combattants se séparent quand il y avait encore bien des lances à rompre. Le Crociato de Meyerbeer ne fut pas plus heureux : ce vaillant chevalier s’arrêta dans sa course et se vit forcé de céder aux circonstances. Si le droit de mutation fait verser des millions dans la caisse de l’enregistrement, il désorganise les opéras et ruine les auteurs. Les trois acteurs qui représentaient Fausto, Mefistofele, Margarita, seront dans quelques jours rangés sur une seule ligne à quatre cents lieues de distance. Il est vrai que Mefistofele, par un tour de son métier, pourrait appeler à son secours Fausto et Margarita ; les diables ont les bras longs : Mefistofele n’aurait qu’à déployer les siens et les deux fugitifs seraient bientôt ramenés à la distance voulue pour chanter un trio. Mais le temps des prodiges est passé ; le diable a donné sa démission ; il doit, comme nous, se soumettre aux arrêts des directeurs de spectacles.

À la dernière représentation de Fausto, beaucoup de négligences d’exécution ont été remarquées. Les acteurs ont manqué de mémoire dans plusieurs scènes, les chœurs ont marché de travers et l’orchestre même, malgré le rare talent et tout le zèle de son chef, n’est pas à l’abri de reproche. Malgré ces aberrations, le chœur si original des sorciers, le trio, le duo du second acte, l’air de Margarita, avec le solo de hautbois, ont été fort applaudis et Mme Méric-Lalande a dit avec sa verve accoutumée la belle scène de la prison. 

Une femme qui entreprend de mettre en musique un opéra tel que Fausto, et qui s’en acquitte de cette manière, a devant elle un brillant avenir, si, comme j’aime à le croire, elle veut bien faire une étude particulière des partitions des grands maîtres, pour acquérir ce qui lui manque d’expérience de la scène et de l’orchestre. 

X.X.X. 

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