Fausto de Louise Bertin
Théâtre-Italien.
Fausto.
Il est des circonstances où la pure vérité est une chose fort dure ; où bonne foi à dire sa pensée est une vertu tellement austère que, dans l’expression, naïve simplesse devient rude à entendre, tranquille discussion paraît critique maligne et impartial exposé semble hostile rapport.
Ces réflexions, je les faisais, après avoir entendu la musique de Fausto, musique au reste qu’une partie de l’assemblée qui assistait à la première représentation a fort applaudie. Cette circonstance est assez indifférente en elle-même et l’on ne peut blâmer personne de montrer du bon vouloir, les bons cœurs sont si rares ! Quelques applaudissements ne donnent pas de mérite a un ouvrage médiocre, pas plus que des marques de réprobation ne rendent mauvaise une bonne musique ; dans ces jours solennels de première représentation, il faut s’attendre aux éloges des amis comme au blâme des rivaux, et convenir que la vérité se trouve rarement dans ces rangs opposés.
Quant à moi, il m’a semblé que des sons produits, les uns par des instruments à vent, les autres par des instruments à cordes, se faisaient entendre en se succédant avec une certaine irrégularité ; que les accents mis par le compositeur dans la bouche des personnages avaient une grande affinité avec le travail de l’orchestre et que l’ensemble de l’œuvre présentait un mélange assez incohérent de rares phrases de chant de modulations sans but déterminé, de rythmes confondus au hasard, le tout dominé par un sentiment général de jeune inexpérience. Cet exposé paraîtra empreint de sévérité ; c’est cependant l’effet que produisent sur l’auditeur désintéressé les nombreuses mesures réparties en airs, duo, trio, quatuors, chœurs, etc., etc., qui forment en masse les trois actes de Fausto. Je compte me livrer à un examen un peu sérieux de cet opera semiseria dans un prochain article. Je me bornerai à dire ici qu’on l’attribue à une demoiselle, et qu’en ne considérant cette composition que sous le rapport des moyens et du résultat, il naît assez de surprise pour en faire, une sorte de gloire. L’entreprise était hardie et mérite plus que des encouragements. La jeune muse peut orner son front d’une couronne que seule elle portera parmi ses compagnes. Avant que cette guirlande soir fanée, Mlle *** saura, je l’espère, en tresser une autre et y mêler quelques immortelles. […]
S. C.
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publication date : 21/09/23