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Les Bayadères de Catel

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Ce titre a déjà été cité dans les annales dramatiques ; une Bayadère parut (et disparut) au théâtre de la République, en 1795, & fut la cause ou le prétexte des scènes les plus scandaleuses. L’auteur était une femme ; cette femme, jeune, belle & remplie d’esprit, jouait le principal rôle de la pièce, & pourtant sa présence, loin de détourner l’orage, sembla en redoubler la violence. Jamais chute ne fut plus épouvantable. L’ouvrage, l’auteur & l’actrice avaient-ils mérité cet horrible traitement ? il serait permis d’en douter ; la justice ne prononce pas ses arrêts comme les Pythonisses rendaient leurs oracles, avec l’accent de la fureur ; & les infortunés que l’on condamne de cette manière, paraîtront toujours en droit de se dire victimes d’injustes & cruelles préventions. La vérité est que le bruit discordant des sifflets & des vociférations ne permirent à personne de suivre l’intrigue de la Bayadère, & qu’il ne reste aujourd’hui de cette infortunée que le souvenir de son douloureux trépas.

L’opéra dont nous avons à rendre compte a été beaucoup plus heureux ; au moment où nous en parlons, on l’applaudit encore avec enthousiasme ; on demande le nom des auteurs, celui du maître de ballets, du machiniste ; en un mot il ne manque rien au succès. S’il est autre part que dans la fable ou la féérie, des sujets propres à la scène lyrique, c’est sans doute dans l’histoire des peuples indiens qu’on peut espérer d’en trouver ; les institutions civiles & religieuses de ces peuples, leurs usages bizarres, & surtout les exercices pieux & galants de leurs Bayadères, offrent de ressources également précieuses aux poètes et aux musiciens, aux peintres & aux chorégraphes. Ces Bayadères sont de jeunes & belles danseuses qui se consacrent entièrement au culte des dieux & de la volupté. Nous renvoyons à la note historique que M. de Jouy vient de publier avec son opéra, les personnes qui voudraient avoir sur la singulière profession & sur les danses lascives de ces prêtresses, des détails un peu étendus. Ces détails nous prendraient une place que réclame ce soir l’analyse de la pièce.

[résumé de l’intrigue]

S’il fallait examiner ce poème d’après les règles rigoureuses de la composition dramatique, la duplicité d’action que nous avons remarqué plus haut, pourrait fournir matière à une longue critique, dans laquelle le nom & l’autorité d’Aristote figureraient d’une manière imposante ; mais on pourrait aussi nous accuser de pédanterie, & il vaut encore mieux renoncer au plaisir de citer les anciens, que de s’exposer à un pareil reproche. D’ailleurs le plus grand tord du poète n’est pas d’avoir inventé une nouvelle action, pour fournir matière au 3e acte ; il serait facilement absous de sa faute, si dans cette partie supplémentaire il eût trouvé une nouvelle source d’intérêt ; mais à notre avis, le stratagème de Démaly est un moyen assez médiocre, & dont l’effet est beaucoup trop prévu, pour que l’âme du spectateur ne reste pas froide. Cette faiblesse du 3e acte est, selon nous, d’autant plus malheureuse, que le second est plein de mouvement & de chaleur, & que d’après les règles du théâtre, on doit attendre de la progression. La scène où les Bayadères parviennent à désarmer le farouche Olkar, & celle où elles essayent de couvrir par le bruit de leurs tambourins, les cris d’alarme & d’insurrection qui partent du fond du théâtre, produisent le plus grand effet ; le contraste indiqué par le poète a été parfaitement saisi par l’auteur de la musique, & M. Gardel s’est montré digne de s’associer à leur succès, en disposant de la manière la plus habile les danses voluptueuses qui doivent en ce moment fixer toute l’attention du conquérant.

La musique de cet opéra est généralement riche & variée ; les deux derniers actes surtout sont pleins de mélodie. Le poème est écrit avec une élégance & une pureté dignes des plus grands éloges. Ce qui distingue particulièrement la versification de l’auteur, c’est la facilité avec laquelle il varie ses tours & ses expressions, sans jamais s’écarter du ton noble qui convient au grand opéra ; c’est à cette flexibilité de talent qu’on reconnaît les bons poètes lyriques. Les costumes, les décorations, MmeBranchu, Nourrit & Derivis mériteraient aussi quelques paragraphes ; mais nous sommes forcés de remettre à un autre jours tout ce que nous n’avons pas pu dire dans cet article.

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Composer

Charles-Simon CATEL

(1773 - 1830)

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Les Bayadères

Charles-Simon CATEL

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Étienne de JOUY

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publication date : 15/09/23