Sémiramis de Catel
La première représentation de Semiramis, attira hier une affluence prodigieuse à ce théâtre ; un double début annoncé par les affiches, avait surtout excité la plus vive curiosité : le citoyen Roland qui jouait le premier rôle, paraissait pour le première fois sur la scène, et la musique est le coup d’essai d’un jeune professeur au conservatoire, le citoyen Catel. Tous les deux ont obtenu l’accueil le plus flatteur, et le théâtre des Arts ne peut que s’applaudir de s’être attaché deux artistes qui annoncent de si heureuses dispositions. La musique du premier acte de Sémiramis est écrite avec chaleur ; on y distingue de très-beau effets d’orchestre et des accompagnements remplis d’expression, mais cette verve du compositeur semble s’être ralentie dans les deux autres actes ; les motifs de chant n’y sont pas assez multipliés, et presque tout se passe en récitatif ; peut-être est-ce la faute du sujet dont la sévérité convenait peu à la scène lyrique : c’est du moins ce qu’on a pu voir lorsqu’au troisième acte, tous les incidents entraînent l’action vers le dénouement, lorsque le mystère de la naissance de Ninias et du meurtre de son père se découvre, lorsque son bras égaré frappe dans le tombeau sa coupable mère, alors la teneur n’a pas besoin, pour émouvoir, du génie musical, et le compositeur reste beaucoup au-dessous du poète.
C’est aussi pour cette raison que le ballet du troisième acte nous a paru déplacé ; il suspend l’intérêt sans motif et fatigue le spectateur qui brûle d’arriver à la catastrophe du dénouement. La dernière scène n’a produit aucun effet ; Sémiramis, quoique frappée de deux coups mortels, est amenée sur le théâtre et chante encore pendant un quart d’heure avant d’expirer : c’était, pour le coup, donner trop beau jeu à la parodie ; sans doute ce défaut sera corrigé aux prochaines représentations.
Nous devons maintenant expliquer la cause du succès de Sémiramis : on savait depuis long-tems que l’administration du théâtre des Arts avoir fait des dépenses énormes pour montrer cet opéra avec un luxe et une magnificence dignes du premier spectacle du monde : la pompe extraordinaire des décorations, la richesse étonnante et la vérité des costumes brillants d’or et d’argent, ont surpassé l’attente générale ; sous ce rapport, Sémiramis est de beaucoup supérieure à tous les opéras connus. […]
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Charles-Simon CATEL
/Philippe DESRIAUX
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publication date : 15/09/23