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Séance publique de l'Institut

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Il y a eu samedi séance à l’Institut. C’était la réunion annuelle de l’Académie des beaux-arts pour la distribution des prix aux élèves lauréats de peinture, sculpture, architecture et musique. La séance était présidée par M. Sigaol, assisté de MM. Baltard et Cavelier. Presque tous les membres de l’Académie des beaux-arts étaient présents. Ceux de la section de musique, au complet, sauf M. Gounod, qui, on le sait, ne quitte pas sa chère Angleterre. Le lauréat de cette année, M. Puget, a eu la bonne fortune de voir parmi ceux qui venaient l’applaudir les mêmes membres de l’Institut qui l’avaient jugé, les compositeurs en tête : MM. Ambroise Thomas, Reber, Félicien David, Victor Massé et F. Bazin. La séance a commencé par l’audition d’une ouverture de M. Ch. Lefèbvre pensionnaire de Rome, et intitulée le Jugement de Dieu, probablement parce que l’auteur a voulu rappeler la cantate qui lui a valu le prix de Rome. C’est une œuvre assez bien conçue et soigneusement orchestrée. Mais l’attrait de la séance était l’audition de la scène lyrique – ce n’est plus une cantate, à la bonne heure ! – mise au concours cette année. Elle a pour titre Mazeppa, et comme elle est de notre collaborateur M. de Lauzières Thémines, nous n’en ferons pas l’éloge dans ces colonnes, où l’on voit très souvent son nom. Les suffrages de l’Académie, d’ailleurs, lui suffisent. Ce que nous ferons remarquer de préférence, c’est qu’elle est très dramatique et que le jeune musicien, M. Paul Puget, élève de M. Victor Massé, en a profité pour écrire une vraie partition, un opéra en miniature, où la mélodie, l’instrumentation et l’effet scénique ne sont pas ménagés. La polonaise qui sert d’introduction et qui accompagne le récit du soprano, la romance qui suit, supérieurement chantée par Mlle Fidès de Vriés et applaudie par toute l’assistance, quelques passages du duo d’amour, l’air de la basse, fort bien accentué par M. Bouhy, et surtout la seconde partie du trio (Mlle de Vriés, MM. Bosquin et Bouhy), sont des morceaux fort bien traités et qui font pressentir dans l’élève d’hier un maître futur. – Seul, un peu plus de sobriété dans l’orchestration aurait fait beaucoup gagner à la petite partition de M. Puget. Un de nos confrères de la grande presse fait la remarque suivante : « Que l’état pensionne, aide à travailler librement ces jeunes talents qui ont de si énormes difficultés à soulever avant de se faire entendre du public sur une scène, cela est digne de la France. Mais qu’un talent du genre de celui-ci, tout français par la qualité de la sensation, le charme de la passion, la vive compréhension des situations, aille s’épanouir à Rome, et non ailleurs, voilà ce qui offre au public une énigme qu’il ne parviendra jamais à résoudre. » Eh ! mon Dieu, c’est ce que nous avons toujours répété dans ce journal, précisément par la plume de l’auteur même de la scène lyrique de cette année, M. de Thémines. Mais il paraît qu’on va enfin revenir sur l’ancien usage, et que l’on permettra aux pensionnaires d’aller soit à Rome, où ils auraient bien peu à apprendre en fait d’art musical, et tout au moins pas autant qu’à Milan, Naples ou Florence ; d’aller, disons-nous, soit à Rome, soit dans les villes d’Italie et d’Allemagne qu’ils préfèrent.

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