Dalila de Pessard
En revanche, je ne trouve pas d’épithètes suffisantes pour qualifier celle de la cantate couronnée de M. Pessard : la Dalila, chantée solennellement à l’Opéra-Comique. Dalila, Samson en habit noir, sur de beaux fauteuils, l’une sans ses ciseaux, l’autre sans sa célèbre chevelure. Allez avec cela vous faire illusion et chercher de la couleur locale. Il vaudrait mieux garder pour une audition de famille les œuvres des prix de Rome que les écorcher de semblable façon. C’est dommage : il y a de beaux passages dans la Dalila de M. Pessard. Des modulations heureuses, une certaine distinction dans les idées, des rythmes francs et bien établis, de la chaleur. Au résumé, des études sérieuses et de vraies dispositions. Maintenant, il faut chercher sa voie, sa note, se laisser aller un peu, oublier certaines formules par trop surannées, et soigner l’orchestration, qui m’a paru sourde ou plutôt écrite dans un registre grave. MM. Caron et Ponsard ont fait de leur mieux ; Mlle Peyret a gâté le dernier morceau en parlant deux temps trop tôt sans arriver à se rattraper. Toutefois, le public a encouragé de ses bravos le joli chant de l’introduction, un ensemble réussi et le cantabile de Samson : Vers toi dont l’œil scintille, mélodie d’un cachet original. L’orchestre, absorbé par de nombreuses répétitions, n’a pas paru écouter ce qu’il jouait. Pendant ce temps, le compositeur, M. Pessard, cheminait vers Rome. Heureusement pour ses oreilles !!!
Jacques SINCÈRE.
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Dalila
Émile PESSARD
/Édouard VIERNE
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Dalila (Vierne)
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publication date : 14/09/23