Académie royale de musique. Le Vaisseau fantôme
Académie royale de musique.
Le Vaisseau fantôme, opéra en deux actes, poème de M. Paul Fouché, musique de M. Dietsch.
Une ancienne légende écossaise forme le sujet de ce poème, et notre Grand-Opéra seul pouvait accueillir sur ses planches la donnée fantastique et vaporeuse sur laquelle est basée l'œuvre de M. Fouché.
Un cap de Shetland (l'antique Thulé), dont nul vaisseau ne pouvait approcher sans être maudit, fut franchi un jour par le capitaine Troïl. Pour le punir de sa témérité, une puissance céleste retint le navire au-dessus de l'abîme, et Troïl fut maudit. Son supplice ne devait finir que lorsqu'il aurait trouvé une femme qui l'aimerait assez pour partager son sort. Or, Minna, fille du riche négociant Barlow, s'est éprise de Troïl, qui, sous le nom du commandant Waldemar, avait sauvé d'un naufrage le père de Minna. Barlow, en reconnaissance, promet à Waldemar la main de sa fille.
Le commandant, touché par l'amour de Minna, révèle alors à celle-ci son véritable nom. La jeune fille est d'abord effrayée de cet aveu terrible, mais son amour l'emporte sur ses craintes. – Magnus, précédemment fiancé, à Minna, s'est fait prêtre de désespoir ; il doit lui-même bénir les époux. Au moment de remplir cette sainte mission, Magnus reconnaît Troïl. On veut alors arracher Minna des bras du capitaine, mais elle s'élance sur un rocher et se précipite dans la mer, où elle est suivie du maudit. Le vaisseau-fantôme s'engloutit en même temps avec un bruit terrible. Au même instant, les nuages se dissipent et laissent voir dans une apothéose lumineuse Minna, conduisant aux pieds de Dieu, Troïl le maudit dont elle vient racheter le pardon.
Ce libretto, dont le contenu ne saurait intéresser suffisamment le public si positif de notre époque, renferme des parties poétiques appréciables pour l’élite de nos classes littéraires, et susceptibles d’inspirer la muse d’un compositeur.
M. Dietsch, élève de notre célèbre Lesueur et maître de chapelle de Saint-Eustache, s’est acquitté de sa tâche avec talent et n’a pas failli à sa spécialité musicale. Son instrumentation a de l’ampleur, et ses mélodies ont une certaine teinte religieuse parfaitement appropriée aux situations sévères du poème.
Parmi les morceaux qui ont obtenu le plus de succès, nous mentionnerons la prière et le grand morceau de Mme Dorus au premier acte ; le chœur final ; l’air chanté par Marié au second acte et un duo entre Mme Dorus et Canaple.
Mme Dorus, notre admirable cantatrice, a interprété le rôle de Minna avec sa supériorité habituelle, et c’est à elle que reviennent tous les honneurs de la soirée. Canaple a beaucoup à faire pour se maintenir à la hauteur de ses emplois. Marié est toujours le chanteur inégal par excellence.
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Pierre-Louis DIETSCH
/Paul FOUCHER Bénédict-Henry REVOIL
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publication date : 15/10/23